bigcrunch
2019-12-02 01:07:11 UTC
Thomas Piketty explique que le principe «un euro cotisé donne droit à
un euro de retraite» n’est en rien équitable, et pointe le faible taux
de cotisation des hauts salaires.
Thomas Piketty sur les retraites : c’est le nouveau «super Macron des
riches»
«Ce sujet des retraites est majeur. Il illustre le fait qu’il y a
toujours des alternatives. Il y a en effet plein de façons de faire un
régime universel, car une fois qu’on a dit qu’on veut faire les mêmes
règles pour tout le monde, en fait on n’a rien dit. Quelles sont ces
règles communes ? Au départ, le gouvernement actuel s’est abrité
derrière un principe de justice qu’il voulait infaillible : c’était le
"un euro cotisé donne droit à un euro de retraite", quel que soit le
régime et quel que soit le niveau de salaire. Sauf que ce soi-disant
principe de justice revient à sacraliser les inégalités salariales
telles qu’elles existent dans la vie active et à les reproduire à
l’identique pendant toute la période de retraite et jusqu’à l’âge de la
grande dépendance, où chacun doit essayer de trouver une solution pour
finir sa vie.
A LIRE AUSSI
L'interview de Thomas Piketty : «Chaque société invente un récit
idéologique pour justifier ses inégalités»
«Si on appliquait de manière absolue ce "un euro de retraite pour un
euro cotisé", quelles que soient les disparités salariales entre
quelqu’un qui a une carrière émiettée et les rémunérations les plus
hautes, ce serait vraiment marche ou crève à la retraite jusqu’à la
mort. Le gouvernement prétend y rajouter de la solidarité en y
consacrant un quart du budget, comme dans le régime précédent. Sauf que
ce chiffre magique, comme tous les chiffres, est une construction qui,
en l’occurrence, est particulièrement bancale. Ce chiffre ne prend pas
en compte les inégalités sociales d’espérance de vie. C’est-à-dire que
pour un salarié modeste qui ne pourra profiter que dix ans de sa
retraite, une bonne part de ses cotisations vont servir à payer la
super-retraite d’un cadre pendant vingt ans. Ce transfert de solidarité
n’est pas comptabilisé comme tel. Alors oui, il y a des bonifications
pour les interruptions de carrière et un petit geste sur la retraite
minimale à 85 % du smic, mais ce n’est pas à la hauteur.
A LIRE AUSSI
Réforme des retraites : désillusion en quatre actes
«Dans cette réforme, on a par ailleurs très peu parlé du système de
financement qui est derrière. Un truc énorme, c’est que le gouvernement
propose un taux global de cotisation de 28 % jusqu’à 120 000 euros de
salaire annuel, mais ensuite ça plonge d’un seul coup à 2,8 % ! Par
rapport au système actuel, c’est une énorme baisse de cotisation pour
les salaires entre 120 000 et 250 000 euros. C’est le nouveau "super
Macron des riches". On en a très peu parlé pour l’instant mais je pense
que lorsqu’on va entrer dans les détails de la réforme et que le truc
va sortir, ça va être ingérable. Il faut vraiment que le gouvernement
trouve quelque chose pour faire contribuer davantage les salaires les
plus élevés.
«A mon sens, le débat public s’est pour l’instant trop focalisé sur :
universel ou pas universel. Or on voit bien que derrière, il y a de
vrais sujets politiques à côté desquels il ne faut pas passer. Un
système universel, pour des gens qui auront cotisé dans le privé, dans
le public et comme auto-entrepreneur, en France et à l’étranger, c’est
évidemment une bonne chose. Mais au-delà du slogan, ça mérite un grand
débat citoyen. D’autant qu’on a un gouvernement qui a un sérieux
problème avec les notions de justice sociale et de répartition, et qui
a quand même un lourd passif en termes de fric dépensé en début de
mandat pour servir les 1 % les plus riches. Entre la suppression de
l’ISF et l’instauration de la flat tax sur les dividendes et les
intérêts, ça fait quand même six milliards par an de perdus, trente
milliards sur le quinquennat ! Difficile après d’être crédible quand on
parle de justice sociale.»
https://www.liberation.fr/france/2019/09/11/thomas-piketty-sur-les-retraites-c-est-le-nouveau-super-macron-des-riches_1750751?fbclid=IwAR0I3r-lyyK9vCSrn4KQp2LQfvmTCoyF0cYGRwe94_kh45RNTVLFmGS-gZ8
un euro de retraite» n’est en rien équitable, et pointe le faible taux
de cotisation des hauts salaires.
Thomas Piketty sur les retraites : c’est le nouveau «super Macron des
riches»
«Ce sujet des retraites est majeur. Il illustre le fait qu’il y a
toujours des alternatives. Il y a en effet plein de façons de faire un
régime universel, car une fois qu’on a dit qu’on veut faire les mêmes
règles pour tout le monde, en fait on n’a rien dit. Quelles sont ces
règles communes ? Au départ, le gouvernement actuel s’est abrité
derrière un principe de justice qu’il voulait infaillible : c’était le
"un euro cotisé donne droit à un euro de retraite", quel que soit le
régime et quel que soit le niveau de salaire. Sauf que ce soi-disant
principe de justice revient à sacraliser les inégalités salariales
telles qu’elles existent dans la vie active et à les reproduire à
l’identique pendant toute la période de retraite et jusqu’à l’âge de la
grande dépendance, où chacun doit essayer de trouver une solution pour
finir sa vie.
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idéologique pour justifier ses inégalités»
«Si on appliquait de manière absolue ce "un euro de retraite pour un
euro cotisé", quelles que soient les disparités salariales entre
quelqu’un qui a une carrière émiettée et les rémunérations les plus
hautes, ce serait vraiment marche ou crève à la retraite jusqu’à la
mort. Le gouvernement prétend y rajouter de la solidarité en y
consacrant un quart du budget, comme dans le régime précédent. Sauf que
ce chiffre magique, comme tous les chiffres, est une construction qui,
en l’occurrence, est particulièrement bancale. Ce chiffre ne prend pas
en compte les inégalités sociales d’espérance de vie. C’est-à-dire que
pour un salarié modeste qui ne pourra profiter que dix ans de sa
retraite, une bonne part de ses cotisations vont servir à payer la
super-retraite d’un cadre pendant vingt ans. Ce transfert de solidarité
n’est pas comptabilisé comme tel. Alors oui, il y a des bonifications
pour les interruptions de carrière et un petit geste sur la retraite
minimale à 85 % du smic, mais ce n’est pas à la hauteur.
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«Dans cette réforme, on a par ailleurs très peu parlé du système de
financement qui est derrière. Un truc énorme, c’est que le gouvernement
propose un taux global de cotisation de 28 % jusqu’à 120 000 euros de
salaire annuel, mais ensuite ça plonge d’un seul coup à 2,8 % ! Par
rapport au système actuel, c’est une énorme baisse de cotisation pour
les salaires entre 120 000 et 250 000 euros. C’est le nouveau "super
Macron des riches". On en a très peu parlé pour l’instant mais je pense
que lorsqu’on va entrer dans les détails de la réforme et que le truc
va sortir, ça va être ingérable. Il faut vraiment que le gouvernement
trouve quelque chose pour faire contribuer davantage les salaires les
plus élevés.
«A mon sens, le débat public s’est pour l’instant trop focalisé sur :
universel ou pas universel. Or on voit bien que derrière, il y a de
vrais sujets politiques à côté desquels il ne faut pas passer. Un
système universel, pour des gens qui auront cotisé dans le privé, dans
le public et comme auto-entrepreneur, en France et à l’étranger, c’est
évidemment une bonne chose. Mais au-delà du slogan, ça mérite un grand
débat citoyen. D’autant qu’on a un gouvernement qui a un sérieux
problème avec les notions de justice sociale et de répartition, et qui
a quand même un lourd passif en termes de fric dépensé en début de
mandat pour servir les 1 % les plus riches. Entre la suppression de
l’ISF et l’instauration de la flat tax sur les dividendes et les
intérêts, ça fait quand même six milliards par an de perdus, trente
milliards sur le quinquennat ! Difficile après d’être crédible quand on
parle de justice sociale.»
https://www.liberation.fr/france/2019/09/11/thomas-piketty-sur-les-retraites-c-est-le-nouveau-super-macron-des-riches_1750751?fbclid=IwAR0I3r-lyyK9vCSrn4KQp2LQfvmTCoyF0cYGRwe94_kh45RNTVLFmGS-gZ8
--
Les croix kramées
La droite qui est a l'extrémité de la déchéance vole juste leurs
territoirs et ce qui il y a dessus. Les amènes pour les faire bosser
pour rien. Et accuse la gauche de foutre le bordel. M'en fous je ne
suis pas de gauche. Je suis bien pire pour toi et mieux pour tous.
Les croix kramées
La droite qui est a l'extrémité de la déchéance vole juste leurs
territoirs et ce qui il y a dessus. Les amènes pour les faire bosser
pour rien. Et accuse la gauche de foutre le bordel. M'en fous je ne
suis pas de gauche. Je suis bien pire pour toi et mieux pour tous.