Post by sinpaPost by abourickPost by sinpaPost by abourickPost by sinpaPost by abourickPost by sinpawww.atheisme.org/listeislam n'est pas une source reconnue...
...par le nazislam et ses séides. Etonnant, n'est-il pas sinpa ?
Si tu penses que ce site est une source reconnue (par tout le
monde) dis moi alors à qui il appartient...
Pas à ton gros sheik !
Je suis athée, je suis d'accord avec pas mal de choses contenues sur
"Exemple : 1934 et 1935 pogroms à Constantine et en Algérie. Les
juifs étaient citoyens français et les musulmans n'avaient aucun
pouvoir à cette époque !!!!"
Tu n'as pas non plus répondu sur les milliers d'autres cas de crimes
de l'islam.
Il se pourrait que ces deux pogroms aient été attribués par erreur à l'islam
(on ne prête qu'aux riches) et qu'ils soient en fait imputables aux
Pieds Noirs antisémites. Je vais tenter de me renseigner.
Je ne suis pas un spécialiste des crimes des religions. Mais je sais
bien qu'il y a eu des crimes commis au nom de la religion (quelle
qu'elle soit). A partir du moment où il y a des mensonges dans un
site, celui-ci n'est pas crédible. Et je répète : ce site n'est pas
une source reconnue par tout le monde...
Décidemment il semblerait que tu n'aies pas de bol, petit rat nazislamiste.
J'ai commencé par demander des renseignements au père Ubu qui ne m'a pas
répondu. Puis j'ai fait ce que tout homme sensé fait : j'ai cherché sur
internet et j'ai trouvé. J'ai trouvé que ce sont bien les muslims qui sont
les auteurs des pogroms antijuifs.
<http://72.14.221.104/search?q=cache:tfbfNcCjYZwJ:www.mmsh.univ-aix.fr/telemme/textes/publi/PubliEnsCherch/Le%2520Pogrom%2520de%2520Constantine.pdf+pogrom%2Balg%C3%A9rie&hl=fr&gl=fr&ct=clnk&cd=4>
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LE MALAISE COLONIAL DE L'ALGÉRIE DES ANNEES TRENTE AU MIROIR DU POGROM DE
CONSTANTINE (août 1934)Geneviève DERMENJIAN,Maître de conférences, UMR
TELEMMEA paraître dans les Actes du colloque « Juifs en terre d'islam et
dans les Balkans, XIXe-XXe siècle », Ecole française d'Athènes, 2-4 avril
2000
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2Le pogrom de Constantine d'août 1934 a déjà donné lieu à un certain
nombred'études
historiques. Il s'agit ici de montrer comment l'émeute a pris l'idéologie et
la symbolique républicaines en défaut, provoquant un vaste mouvement
d'opinion, enAlgérie comme en Métropole. Les contradictions, les conflits et
les débats principauxde l'époque se manifestent dans cette crise, entre
autres la complexité des relationsentre les diverses populations
algériennes, la distance entre discours et pratiques,l'antisémitisme,
l'islam, les premiers pas du mouvement national algérien.Lorsque commence le
mois d'août 1934, le maire Émile Morinaud, le préfet deConstantine et le
gouverneur général de l'Algérie Carde sont en vacances ; lesdécisions sont
prises dans la ville par un adjoint au maire, Barkatz, et par le
secrétairegénéral de la préfecture, Landel. Le vendredi 3 août 1934, un juif
ivre, Eliaou Khalifa,injurie par une fenêtre des musulmans procédant à leurs
ablutions dans la mosquée deSidi Lakhdar. Une fausse rumeur rapporte qu'il a
aussi uriné contre le mur du lieu saint.La foule s'ameute, des injures et
des coups sont échangés entre juifs et musulmans, sixbijouteries juives sont
dévastées. Les membres présents de la municipalité et du Conseilgénéral et
les représentants des forces de l'ordre ramènent le calme comme ils
lepeuvent face à une foule musulmane outragée et réclamant vengeance. La
journéedu samedi est calme, ponctuée de réunions entre musulmans à la
mosquée et entreélus de religion juive et de religion musulmane à la
préfecture. Les notables des deuxconfessions prêchent l'apaisement parmi
leurs coreligionnaires et des proclamationsdans ce sens sont affichées en
français et en arabe. Du fait du caractère religieux desaffrontements, le
maire adjoint Barkatz, de religion juive, décide de remettre sespouvoirs le
temps que le calme revienne.Le lendemain, dimanche 5 août, de nombreux
musulmans des alentours convergentau matin vers la ville, en chemin de fer
ou en camionnettes. Après l'avortement d'uneréunion de musulmans dans le
bois des Pins, face à la ville, l'émeute commence versneuf heures. Les
boutiques des juifs sont systématiquement pillées dans un petitpérimètre du
centre, les tissus lacérés, jetés dans les rues avant qu'on y mette le
feu.Brusquement, vers dix heures et demi, les émeutiers s'en prennent à la
vie même desjuifs, là aussi du fait de rumeurs déformées et aggravées et
parce que des coups defeu ont été tirés depuis des maisons juives.
Vingt-quatre personnes de religion juiveentre quatre et soixante-sept ans
sont égorgées, une vingt-cinquième meurt aprèsquelques jours, des suites de
ses blessures. Deux musulmans perdent aussi la vie aucours des trois
premiers jours.Plus de soixante-dix personnes sont blessées en tout le 5
août, dont vingt-sept juifs etvingt-et-un musulmans. Plus de deux cents
magasins sont pillés. L'armée, à qui, peut-être en raison d'un malentendu,
on n'a pas distribué de cartouches mais dont les fusilssont armés de
baïonnettes, attend des ordres qui ne viennent pas et assiste
sansintervenir, mais parfois avec bienveillance, à ce massacre. La
population européennefait de même. Beaucoup de musulmans, quelques européens
et quelques soldatsoutrepassant leurs ordres, sauvent des juifs du
massacre.La confusion semble avoir été totale parmi le personnel politique
chargé de maintenirl'ordre et qui refusa de faire respecter l'ordre, voire
de tirer sur la foule en furie en dépitdu trouble, du sac des magasins et de
la mort des assiégés. L'arrivée du maire ÉmileMorinaud, en villégiature sur
la côte algérienne à Duquesne, change les données duproblème. Les cartouches
sont distribuées, on fait charger les militaires. Rapidement les
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3troubles s'arrêtent. L'arrivée dans la nuit de Tirailleurs sénégalais fait
forte impression etcontribue à maintenir le calme. Les jours suivants, on
opère 247 arrestations dont 187sont maintenues. Après les faits, l'ordre
reste longtemps fragile dans la ville émotionnéeet plusieurs localités des
environs enregistrent des troubles. Les musulmans deConstantine et, dans une
moindre mesure de la région, font peser sur le commerce juifun fort
mouvement de boycott pendant six mois. Une Commission d'enquête estnommée
rapidement et rend son rapport en octobre 1934. Celui-ci ne fut jamais
publiébien qu'il ait pris le parti de minimiser le plus possible la
responsabilité de la ville et decharger les juifs, rendus responsables de
l'émeute du fait de leur usure « coutumière » eten raison de leur attitude
offensive pendant les troubles.Comme il est fréquent en pareil cas, les
témoignages et les opinions sont péremptoireset contradictoires. On parle de
nombreux coups de feu tirés par les juifs et ayantexaspéré la foule, de
rumeur ayant répandu l'annonce de la mort du docteurMohamed Benjelloul, élu
musulman très aimé de ses coreligionnaires. Ces rumeursauraient déchaîné la
folie meurtrière des émeutiers, déjà échauffés par les pillages. Plusgrave,
au-delà de la recherche des causes purement factuelles de l'émeute,
onévoque, entre autres préméditations, celle fomentée par des nationalistes
indigènes« antifrançais » ou « cherchant à dominer l'élément français ». La
question dunationalisme algérien et donc, par ricochet, de l'autorité
française en Algérie, estclairement posée.Une négation des valeurs
républicaines« Ce jour-là », de neuf heures à dix-sept heures, « la France
était absente deConstantine ». Cette phrase du président du Consistoire
israélite H. Lellouche serépandit comme une traînée de poudre dans toute
l'Algérie. Elle suscita l'approbationconsternée comme la révolte, donnant
ainsi la preuve que les mots proférésatteignaient au coeur l'ensemble des
consciences politiques.Un cadre idéologique pris en défautOn prend davantage
conscience de la stupeur et de l'effroi provoqués par le pogrom,négation de
l'esprit français et de la civilisation française comme on disait alors, si
l'onrappelle le cadre idéologique et symbolique fort dans lequel baignait
l'Algérie desannées trente, notamment en milieu urbain, parmi les Européens
et les élitesmusulmanes.L'historiographie française récente et notamment les
travaux de Maurice Agulhon1àqui quelques emprunts sont faits ici, ont montré
à quel point les valeurs républicainesétaient porteuses d'une idéologie
complexe et vivante, formant un système de penséenon encore refroidi par les
conséquences des guerres et par ses propres hésitations etcontradictions.
Cette idéologie et ces valeurs structuraient la pensée politique
desindividus et étaient d'une évocation quotidienne en Algérie2où l'on était
« républicainpar essence », où la proximité morale, sentimentale et
politique avec la Métropole étaitressentie comme capitale pour la survie de
la colonie. En effet, la conquête du solsemblait bien achevée mais elle
était ressentie comme instable, du fait de lamultiplicité des cultures
souvent éloignées de la culture politique dominante et en raison du poids
des indigènes, toujours soupçonnés de vouloir secouer le joug de laFrance.
Et, d'ailleurs, à ce point de vue, le pogrom est une preuve du non-respect
dusimple principe d'autorité par les musulmans qui, selon les paroles de
Morinaud, reprisesdans La Dépêche algérienne du 15 août 1934 « se sentant
offensés dans leur religionont entendu se faire justice
eux-mêmes. »L'attirance de la France est puissante à Constantine, même si la
ville est moins marquéepar la présence française que les autres grandes
villes d'Algérie. Tout le monde se
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4pense en France, au coeur d'un département français et dans le cadre des
institutionsfrançaises. Ce qui n'est pas conforme à la France est, dans une
certaine mesureméprisé, ignoré, repoussé. Le côtoiement de tous les jours
avec les symbolesrépublicains et l'accession à la citoyenneté ont donné aux
populations autochtonesd'Algérie concernées une échelle de valeurs toute
française en laquelle elles croienttrès fort. Le pogrom donne aux juifs et
aux musulmans, pour des raisons parfoisopposées, l'occasion de mesurer la
distance entre les principes et leur application etd'en tirer ou non des
conséquences sur le moment.La première valeur malmenée par le pogrom, est
celle de Nation et de République.Tout le monde est très attaché en Algérie à
l'idée de Nation-France. La République uneet indivisible incarne la
légitimité nationale, elle « est censée se conduire, devoir seconduire ou
ayant mission de se conduire selon le droit. » (Agulhon). France
etRépublique se confondent, la démocratie prend ses racines dans la
solidarité et levouloir vivre ensemble, la République se présente comme la
protectrice des libertés etdes droits de chacun. La devise Liberté, égalité,
fraternité, s'affiche au fronton dechaque édifice public et parle
d'elle-même.Quelle que soit leur origine géographique et leur religion,
Israélites ou Musulmansnaturalisés sont, aux yeux de la loi, dans l'égalité
intrinsèque entre individus, donc avecles Français d'origine et les néos,
européens nés sur territoire français et naturalisés enmasse par une loi de
1889. Dans les faits, le pogrom démontre aux israélites l'ambiguïtédes
principes idéologiques enseignés depuis l'école primaire et prouve
l'inégalité de faitdes citoyens entre eux. La République ne protège pas
uniformément les libertés et lesdroits de chacun puisque « l'incurie, la
carence, l'inconscience » des pouvoirs publicsont permis pendant huit heures
la mise à sac d'un quartier commerçant juif etl'assassinat de ses habitants,
les autres fractions de la population n'étant pas menacéeset aucune décision
efficace n'étant prise pour arrêter l'émeute. Le mensuel parisienl'Univers
israélite du 28 septembre 1934 résume l'opinion des juifs lorsqu'il
expliquecomment, pour les autorités françaises,« il existait deux catégories
de citoyens français, les juifs et les autres. Les premierspeuvent être
massacrés dans une certaine mesure à la condition qu'on ne touche pasaux
seconds. »Deux symboles républicains sont bousculés par le pogrom : le
drapeau national etl'armée. L'armée est traditionnellement l'école où
s'apprend le culte de la Nation et dudrapeau. Elle forme et instruit les
jeunes gens, elle se confond avec l'idéal républicain.Elle est « instrument
de promotion et d'émancipation, d'initiation à la liberté etd'accession à la
dignité citoyenne.3» Or, voici une armée frappée d'immobilisme,gardienne «
illusoire » de l'ordre public, qui dresse des barricades qu'on
peutcontourner, assiste sans intervenir à des massacres de familles entières
et prend àl'occasion partie pour l'émeute. Car on a vu dans le courant du 5
août 1934 des soldatsse parfumer avec les essences volées aux juifs et
offertes par les émeutiers. Des voituresles rues en révolution et sans
intervenir.À l'issue des troubles, un journaliste juif a pu écrire: « Nous
avons assisté à la faillite du prestige militaire dans un pays où,
jusqu'alors, laseule présence de l'uniforme suffisait à calmer les
passions4».Le drapeau est le signe visible d'identité et d'appartenance
nationale, d'égalité entretous les Français, « même famille spirituelle qui
s'abrite à l'ombre de ses plis ». Ledrapeau tricolore est le symbole de la
patrie et de la continuité historique, derrièrelequel on défile les jours de
fête et près duquel on meurt pendant les guerres. Les troiscouleurs
rappellent en permanence aux passants algériens la présence française et
sasymbolique. Pour tout dire, la puissance de mobilisation affective du
drapeau est trèsforte. Mais l'émeute du 5 août 1934 est une négation des
valeurs représentées par cesymbole puisqu'il a pu être utilisé contre des
citoyens français comme emblème à
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5signification antisémite et sans que les forces de l'ordre ne le fassent
disparaître. C'estainsi qu'une « Une grande banderole bleu, blanc et rouge
avait été tendue à l'entréedu pont de Sidi Rached et, au-dessous, un autre
calicot portait, en français et enarabe, « Vive la France !5»Le message
était clair et destiné aux Européens de Constantine, dont l'antisémitismequi
remontait au XIXe siècle était connu des émeutiers jusque dans le détail. En
seplaçant sous la protection du drapeau et en reprenant le slogan « Vive la
France ! »utilisé par les antisémites européens et généralement accompagné
du cri de « A basles juifs ! », les émeutiers soulignaient sans le dire
qu'ils ne voulaient du mal qu'aux juifs,simples français de papier,
usurpateurs, selon les antisémites, d'un titre vénéré qui leurrestait
étranger. Le drapeau, chargé de symbolique républicaine et sensé
réunirfraternellement tous les Français autour de lui, était devenu le
masque d'un antisémitisme meurtrier et du rejet d'une catégorie de
citoyens.Les Européens reprennent immédiatement à leur compte cette
distinction entre juifs etfrançais, antijuifs et antifrançais lorsqu'il faut
trouver une signification politique aupogrom. La crainte première est, pour
les Français d'origine, de se trouver en faced'une émeute antifrançaise,
c'est-à-dire opposée à la souveraineté de la France.Certains organes de
presse remarquent rapidement, et avec soulagement que lamanifestation n'a
pas été antifrançaise mais simplement dirigée contre les juifs. « Jevous
précise », lit-on dans La Dépêche de Constantine du 7 août 1934, « que
lemouvement n'a rien d'antifrançais, bien au contraire ». Ces remarques
restrictives etscandaleuses au regard de l'idée nationale sont reprises par
le ministère de l'intérieur etsuscitent la réprobation de la grande presse
algérienne. Pour L'Écho d'Alger, dire qu'onn'est pas en présence d'un
mouvement antifrançais mais simplement d'un mouvementantijuif est une «
constatation effarante », l'un ne devant pas se dissocier de l'autre.La
notion de français en débatMalmenées, étirées dans tous les sens, les
notions de français, d'idée française sont aucentre du débat politique dans
les jours qui suivent l'émeute. « Qu'est-ce qu'un français? » Dans le
langage politique et quotidien, le qualificatif de français est chargé
deconnotation flatteuse qui suppose l'adhésion à un idéal politique et moral
élevé.Observer les préceptes de la République, être patriote, c'est agir en
français, en bonfrançais. Vouloir apporter la civilisation aux peuples
colonisés, c'est servir la causefrançaise. « L'âme française est noble et
chevaleresque » honnête, loyale. Elle sert desidéaux élevés et suit « les
traditions françaises de civilisation et de souverainetégénéreuse ». Par
opposition, la persécution des êtres humains dans leur chair et dansleurs
biens, « cet accablement injuste du plus faible, n'est pas français ».En ce
qui concerne le droit, cela a déjà été souligné, les citoyens sont
considéréscomme fondus dans la masse, rien ne les distingue les uns des
autres, ni la religion, nil'origine ethnique. Le docteur Benjelloul qui, au
soir du 3 août 1934, agresse un inspecteur de police - celui-ci venait
d'interpeller un Musulman- et parle de la défensede « ses électeurs », se
voit remettre en place par le Procureur de la République, « il n'ya ici que
des citoyens ». Il suffit toutefois de descendre dans les rues de
Constantinepour mesurer la distance entre le discours républicain et la
pratique journalière. Enpremier lieu, la communauté de vie entre français
n'est pas tout à fait réelle. Il existe unpremier niveau de fractionnement
de la population, commun aux grandes villesd'Algérie : la séparation
physique en quartiers à dominante arabe (ici le bas de la ville),française
(milieu de la ville), israélite (haut de la ville). L'émeute s'est produite
au pointde contact des deux quartiers : la place des Galettes et la rue
Nationale ainsi que dansles faubourgs.
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6Chaque groupe vit replié sur lui-même et, pour évoquer la population, on
parled'éléments ethniques, de familles ethniques ou tout simplement de
français, d'israélites,de musulmans, dénominations qui sont reprises ici par
commodité dans le cours dudébat. Cela pourrait être une simple dénomination
pratique -et c'est souvent le cas- si,dans le cours des événements sanglants
du 5 août, on n'entendait pas parler depassants français pour désigner ceux
qu'on ne peut molester ni assassiner et si le maireMorinaud, alors entre
deux périodes antijuives, n'employait lui-même quelques joursaprès les faits
l'expression de français pour l'opposer aux juifs et aux musulmans,montrant
ainsi le fossé qui séparait les juifs du reste de la population de
nationalitéfrançaise. Mais ce n'est pas tout. Pour certains, le terme
français s'oppose aussi à néosqui désigne des français de fraîche date,
encore mal acceptés de ceux qui sedonnent le qualificatif de vrais français.
Ainsi, le terme de français, qui devait concernerau départ l'ensemble des
citoyens de nationalité française, en vient tout simplement àdésigner une
seule composante de la population, les français d'origine, qui s'estimenten
dernier ressort les seuls détenteurs du titre en tant que représentants de
la nationvictorieuse, maîtres légitimes du sol algérien, obtenu par
conquête.Le terme algérien est lui aussi polysémique à l'époque et reflète
les positions politiqueset idéologiques des personnes qui l'emploient. La
Fédération des Élus musulmans,composée de nationalistes modérés, considère
comme Algériens tous les habitants dupays, quelle que soit leur origine.
Ferhat Abbas, qui pourtant appartient à cetteorganisation politique, écarte
de la définition les néos, mais inclut les juifs. Despersonnalités
religieuses musulmanes assimilent le terme aux seuls musulmans et
lesEuropéens, de leur côté, écartent les musulmans de la définition.L'idée
française vécue se révèle bien plus mouvante que la théorie même.
Pourtant,devenus citoyens par le décret Crémieux du 24 octobre 1870, les
juifs n'envisagent nullepart de suivre une autre voie que celle du
républicanisme et de l'attachement à lamère-patrie. Cette attitude est celle
de la reconnaissance et de la confiance en unpays qui leur a ouvert ses
portes. Devenus français sans que la perte du statut personnelait fait
question, les juifs n'ont aucune solution de rechange au patriotisme et
àl'appartenance nationale. Leur engagement paraît sans retour et leur
discours sanséquivoque, la construction du sentiment national est chez eux
récente mais intériorisée.La position des indigènes exprimée dans les
discours et les journaux est plus complexe.Ils sacrifient officiellement à
la mystique nationale et reconnaissent l'oeuvre de lacivilisation française
mais cherchent à faire aboutir leurs revendications concernantl'entrée dans
la nationalité sans perte des spécificités religieuses. À la conviction que
lanation est la fin politique suprême s'oppose le système de pensée musulman
pour qui lafin suprême réside dans le service de la religion. L'idée
nationale française, construitesur le républicanisme et la laïcité, trouve
ici ses limites.La question reste pour les juifs d'être reconnus par les
autres français comme élémentstotalement intégrés de cette idée française,
et pour les musulmans d'y prendre placesans abandonner leur statut
personnel. Car ce que la France a donné ou donnerait,juifs et musulmans
pensent non seulement l'avoir mérité par leur amour de la nationmais aussi
l'avoir payé de retour par leur participation à la guerre mondiale. Le
discoursdes associations d'anciens combattants souligne la force du souvenir
et le gage depatriotisme désintéressé qu'ont représenté les épreuves vécues
sous le drapeau. Lessignes envoyés par la République et les gestes posés par
eux-mêmes font penser auxjuifs que leur appartenance à la France est totale
et aux musulmans qu'on peutaccorder une plus grande attention à leurs
revendications.Attaqués en tant qu'israélites considérés comme non-français
par les émeutiers etrejetés pour la même raison par les antisémites, les
israélites répondent en tant quefrançais, bons français, juifs français et
au nom de l'intérêt français. Ils proclament leur
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7patriotisme, rappellent leurs morts de la Grande Guerre et demandent
l'apaisementpour que la paix française puisse se rétablir. Ce serait
justice, disent-ils, mais ce seraitprudent aussi pour la survie de la France
en Algérie, car ce pogrom est en fait à leursyeux une tentative politique
contre la puissance française. Pour le Bulletin de lafédération des sociétés
juives d'Algérie d'octobre 1934, la nature politique du pogromne fait pas de
doute et annonce de plus mauvais jours encore : « la violence appelle
laviolence et le pogrom de Constantine, émeute antifrançaise, ne doit pas
être lapréface sanglante d'une révolte généralisée. »Les Élus musulmans,
représentants d'un « peuple qui n'a que le tort d'aimer la
France »,répondent aussi avec un langage pétri d'esprit et de vocabulaire
républicains sur leregistre de « l'intérêt supérieur de la France ».
Dénoncés par la propagande de droiteet d'extrême droite comme «
révolutionnaires, moscoutaires, nationalistes, wahabites,anti-français »,
les journaux comme La Voix indigène qui suit les positions de laFédération
des Élus musulmans rappellent les sacrifices fournis par les soldats
musulmanspendant la guerre de 1914-1918 « sur la Somme ou à Verdun » et au
Maroc en 1925. Ilsprennent la France au mot pour qu'elle fasse avancer les
réformes, en fonction de son génie civilisateur et veulent continuer dans
cette voie car « raison ou pas raison, disent-ils, nous ferons quand même
notre devoir de français. »Le pogrom comme révélateur des
conflitsL'antisémitisme des européens d'AlgérieLes Européens d'Algérie
étaient habités par un antisémitisme largement répandudepuis le XIXe siècle
dans toutes les couches de la population6. Une pause avait étéapportée à cet
antisémitisme entre le début du siècle et 1925 environ, date à laquelle ilse
développa à nouveau, d'abord en Oranie puis dans le reste du pays.
Desmouvements violents eurent lieu à Tlemcen en 1933 et Alger en 1934.
Politiquementparlant, l'extrême droite répandait un antisémitisme violent
auquel de nombreuxeuropéens étaient favorables. Les Ligues comme l'Action
française, les Croix de feu,Jeunesse patriote, Solidarité française
excluaient les juifs de leurs organisations et lesattaquaient régulièrement
dans leur propagande.À Constantine même et dans tout le département, les
observateurs indiquent unhabituel et fort rejet des juifs par la population
européenne. 2000 exemplaires d'unhebdomadaire antijuif L'Eclair, publié par
Henri Lautier, semblent bien avoir étédistribués gratuitement à la
population musulmane de la ville dans les jours quiprécédèrent le pogrom.
D'autres feuilles antijuives sont également publiées dans la ville, par
exemple Tam-Tam et Tribune Libre et d'autres encore sont vendues,
quiviennent de centres urbains voisins ou plus lointains. Dans le quotidien
des jours, les juifsne sont pas employés chez les français ou alors à
contrecoeur, des altercationsopposent régulièrement les jeunes israélites et
les autres français de leur âge. Depuisplus d'un an, les murs, les ponts,
les remparts de la ville, surnommée youpinville, sontcouverts de graffitis
et de papillons antijuifs. En mai 1933, à la suite d'un match dewater-polo
perdu par une équipe israélite contre une équipe chrétienne, unecinquantaine
de jeunes israélites manifestent en criant « Vive la guerre ! A bas Hitler !
Abas l'Allemagne ! Vive la France ! » Le rapport de police signale que
cettemanifestation a produit une « impression généralement fâcheuse » du
fait del'évocation de la guerre, et que « beaucoup de jeunes ne cachent pas
leurs sentimentsantisémites ». Il s'ensuit une série de bagarres, des
lancers de pierre contre un cinémaappartenant à un juif, des menaces de
représailles et de campagne antisémite.Cet antisémitisme s'exprime
ouvertement par stéréotypes dans les opinions de chacun,sans esprit critique
et sans aucune connaissance réelle des personnes dont on parle.Or, la
population juive est désormais bien scolarisée et mieux que les autres
fractions
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8européennes de la population, elle élargit sa composante
socioprofessionnelle etaccède à une plus grande aisance économique7. En
dépit de cette situation, elle estprésentée sans nuances par certains
administrateurs de haut rang, à l'égal de lapopulation musulmane, comme
formée « d'éléments peu évolués, peu ou pas instruits,attachés à leurs
coutumes ancestrales » et constituant « un réel obstacle audéveloppement du
pays en général8. »Le 5 août 1934, les français affichent leur
antisémitisme. Ils sont décrits par les diversessources comme installés à
leur fenêtre, regardant sans réagir les groupes d'émeutiersprocéder au
pillage puis aux assassinats. « Hou ! hou ! » s'écrie un groupe
d'européensqui a assisté au siège sans intervenir lorsqu'une dame embrasse
la main du commissairequi vient de sauver sa famille. Un rapport de la
sûreté départementale du 8 août 1934montre cette réalité de l'antisémitisme
ambiant des Européens de Constantine et, au-delà, son cynisme :« La
population française de la ville, tout en se réjouissant du saccage des
magasinsisraélites par les émeutiers, déplore la mise à mort des jeunes
enfants et des femmes.« Quant à la note à payer, disent-ils, ce n'est pas
nous qui la paieront. Nous nousrévolterons plutôt et ferons la même chose.
C'est aux israélites à payer et non à nousqui ne sommes pas
responsables9. »De façon coutumière en Algérie dans une telle circonstance,
les journaux antisémitescherchent à se rapprocher des musulmans dans le but
de faire convergerl'antisémitisme diffus des Indigènes avec leur propre
mouvement et de constituer ainsiun courant irrépressible. Les journaux
trouvent aux arabes des vertus de courage et denoblesse qui ne sont jamais
l'apanage des juifs.Lorsque la France s'est installée en Algérie, écrit le
journal antisémite de Constantine Tam -Tam du 15 septembre 1934,nous
avions« d'un côté les Indigènes défendant leur sol, de l'autre les Français,
soldats du droit etde la civilisation. Seules ces deux races ont arrosé de
leur sang le sol et ont traité debonne foi après le combat. Le juif n'était
pas là, alors. Pourquoi viendrait-il maintenantdiriger et les uns et les
autres ? »Pour ce même journal, les juifs eux-mêmes, dans la personne de
leurs hommespolitiques, sont responsables du 5 août 1934 :Le journal «
prouvera à la masse juive, innocente de tous les péchés dont on la
charge,que seuls certains de leurs élus, qui n'ont pas le sens des
responsabilités, qui n'ont pasobservé aucune mesure, qui ont oublié
totalement les principes les plus élémentairesdu respect d'autrui, que seuls
ces élus sont responsables des tueries que tout êtrehumain réprouve
sincèrement10. »Afin d'empêcher le retour des troubles et de répondre aux
demandes des musulmans,les antisémites proposent une nouvelle fois le
retrait du décret Crémieux qui symbolise,selon Tam-Tam, « notre déloyauté »
à leur égard. Ne serait-ce que pour cela, il doitdisparaître11». Dès le
lendemain du pogrom, une pétition en ce sens circule en ville.Une autre
proposition est faite, qui revient elle aussi régulièrement depuis les
débuts dela IIIe République : qu'on supprime les élections en Algérie. Il
n'y aurait plus de luttespolitiques et la « cohésion du bloc français »
pourrait se reconstituer. Les juifs seraientsoustraits aux luttes
électorales et les revendications politiques des indigènes seraientsans
objet. Cette mesure serait poursuivie « jusqu'au jour où l'évolution de
l'indigène,arabe et juif, en aurait fait un être apte à prendre sa place
dans la nation française12».Cette phrase révèle un point essentiel de la
pensée politique de très nombreux Françaisd'origine, le juif devenu Français
est resté un indigène et l'arabe n'a pas acquis lesqualités requises pour
entrer dans la citoyenneté.
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9L'antisémitisme, bien que très répandu, n'est bien entendu pas général. Il
existe desoppositions européennes et certains organes de presse défendent
énergiquement lesisraélites. Un hebdomadaire bônois, Bonjour, se fait un
honneur d'avoir réagi contre lesmassacres : « Vous avez défendu les juifs !
Nous a-t-on dit. Nous avons répondu : oui !Parce que de la façon la plus
ignoble on les a assassinés13. » Pour L'Écho d'Alger du 22septembre 1934,
« il est évident que ce trouble a été exploité odieusement par lapropagande
antijuive. » Les couches non antijuives de la population refusent le
retraitdu décret Crémieux et rendent les antisémites européens responsables
de l'émeute enraison de leur attitude avant et pendant les troubles. De son
côté, le Bulletin de laFédération des sociétés juives d'Algérie d'octobre
1934, enrage contre les « français derace pure, à sang rouge vif » qui
affichent sur leurs journaux après le meurtre de vingt-cinq personnes «
youpins en folie ». « Voici ces français authentiques qui, par leurcampagne
de violence, ont voulu cette horrible chose ». Cet organe de presse
ses'interroge en juillet 1935 sur ce comportement à son avis lourd de
menaces pour laFrance même :« Quelle oeuvre poursuit-elle donc, cette presse
européenne immonde, quand elle saitcomment la propagande hitlérienne agit
sournoisement dans toute l'Afrique du Nordpour saper, détruire, la
prépondérance française? »Les antisémites flirtent avec le nazisme, au
pouvoir en Allemagne depuis 1933 et dontl'antisémitisme agissant est bien
connu. Les papillons et les slogans antijuifs associentHitler à la
condamnation des juifs, qualifiée de « race maudite ». La droite et
surtoutl'extrême droite sont sensibles au nazisme comme à une espèce
d'internationalecontre-révolutionnaire autoritaire et raciste. Le cri de «
Vive Hitler ! A bas les Juifs ! »,écrit sur les murs de Constantine ou
prononcé lors des altercations, est un excellentrésumé elliptique de la
question. Pour ramener l'ordre et protéger les intérêts de la France, la
grande presse algérienne demande l'interdiction des feuilles antisémites
quivont « chercher les bulletins de vote jusque dans la boue et le
sang. »L'antisémitisme des musulmansDe nombreux incidents entre musulmans et
israélites sont répertoriés dans les annéesqui précèdent le pogrom, à
Constantine et dans tout le département où l'on signale lemaintien d'un «
état d'esprit inquiétant ». De façon générale, l'éventualité de troublesest
ressentie comme fortement probable, même si on n'imagine pas le « degré
desauvagerie atteint à Constantine ».Les incidents sont d'abord de
voisinage. On parle(d) Tj 41 0 0 41 560 Tm (7 0 Tm (l) Tj 41 0 0 41 29999 0
0 0.2e5 Q q 28 30.00077 537.83997 780.95996 re W 4 /Cs1 cs 0 0 0 sc
q0.23999999 0 0 0.23999999 85.119) Tj 41 0 0 41 18 0 Tm (,) Tj 41 0 0 41 300
Tm ( ) Tj ET Q Q q 28 30.040077 537.83997 780.95996 re 3 41 BTs 0 0 0 sc
q0.23999999 0 0 0.23999999 85.119d344.20007 cm BT41 0 0 4'5 479.08008cm BT
41 0 0vr
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10Plusieurs causes extérieures et agissant sur l'ensemble du monde
coloniséméditerranéen contribuent à accentuer les tensions. Le nazisme
attire les indigènes etnotamment la personne de Hitler parfois qualifié de
« grand capable ». La proximité dela Tunisie permet à des propagandistes de
s'infiltrer et de prêcher le panislamisme et lalutte contre le Foyer juif en
Palestine. Cette dernière question est très sensible auxmusulmans comme le
montre l'exemple suivant.En 1933, une conférencière, FannyWeill, ne peut se
produire publiquement à Constantine sur la question du Foyer juif enraison
de l'hostilité des musulmans qui dénoncent « une violente, donc
antifrançaise,campagne sioniste ». Les notabilités juives et en particulier
le grand rabbin insistent pourqu'elle quitte la ville sans
s'exprimer.Au-delà des réactions épidermiques et des influences extérieures,
qu'en est-il de cetantisémitisme réel ou supposé des musulmans d'Algérie ?
Certains observateurseuropéens sont sceptiques et ne croient pas à un réel
mouvement antisémitique : « Y a-t-il eu mouvement antisémite ? » demande
L'Écho d'Alger du 10 août 1934. « Non, il yeut un réflexe instantané
soulevant des gens qui sont antijuifs à l'état endémique. »Globalement, les
israélites ne croient pas non plus à l'antisémitisme des musulmans « quiest
un gros mensonge » à leurs yeux. Ils partagent même avec les musulmans
etd'autres observateurs et en dépit de certains faits la croyance que les
relations étaientjusque-là excellentes entre les deux communautés, aussi
bien dans le passé procheque lointain14.Le rabbin Eisenbeth, ancien rabbin
de Constantine, donne rapidement son avis surcette question dans L'Univers
israélite du 30 août 1934 :« Il n'est pas exact que l'Arabe soit «
antisémite », c'est plutôt absurde. Ce qui est vrai,c'est qu'il n'aime pas
les « non-musulmans ». Un siècle de pacification ne lui a pas faitoublier la
conquête et le mouvement pan-musulman réveille en lui des ressentiments
etdes espoirs qui sont après tout à son honneur. »Pour les commerçants juifs
interrogés dans les journaux, il faut voir la raison del'exaspération
constatée chez les musulmans dans l'évolution qui a marqué lechangement de
statut des juifs depuis 1830 alors même que « le dernier des illettrés oudes
meskines du bled estime qu'il est encore à cent coudées au-dessus de
n'importequel israélite ' . Il existe également un intérêt financier à
éliminer le commerce juifpuisque « les arabes empruntent, achètent et ne
veulent pas rembourser.15»Du 3 au 5 août, dans le feu de l'action, les Élus
musulmans suivent officiellement lesdécisions prises entre notabilités de la
ville : proclamation demandant le calme lesamedi 4 août et réunion le même
jour pour calmer le jeu, présence dans les quartierstouchés par l'émeute le
dimanche 5 août pour empêcher les débordements, sans yparvenir toutefois.
Après les obsèques des victimes, ils déclarent prendre « leur part dela
douleur et du deuil. »Les journaux musulmans de langue française comme La
Vie Indigène expriment de leurcôté en premier lieu leur étonnement devant
les débordements du 5 août, où un « ventde folie » a soufflé sur la ville.
Aucune raison tangible ne leur parait expliquer a priori ce« divorce brutal
entre les deux communautés », les musulmans n'ayant selon lui« aucune raison
d'en vouloir particulièrement aux israélites ». La Voix indigène souligneau
contraire dans son numéro du 30 août 1934 les sympathies et les affinités
indéniablesdes deux communautés. « La fatalité a simplement désigné (les
juifs) comme victimesinnocentes. »Avec détermination, le même journal
propose aux juifs et aux musulmans de se tendrela main. Par nécessité car
« ils sont contraints à des relations quotidiennes » et « nepeuvent pas se
passer des uns des autres. » Et par respect de l'autre. Le 16 août 1934 La
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Page 11
11Voix indigène tente de stopper les suites du pogrom telles qu'elles
commencent à sedessiner dans la ville : « Ni bouderie ni boycottage,
mettez-vous à la hauteur desévénements ». Deux jours auparavant, un
communiqué des Élus musulmans paraissaitdans La Dépêche algérienne avec la
même demande :« Il faut oublier le passé, construire l'avenir, la justice
doit passer.Vive La paix entre les races !Vive la France ! »A première vue,
donc, les notabilités musulmanes regrettent les événements et semontrent
décidés à les surmonter. Toutefois, personne parmi les notables et
lesjournalistes ne condamne nommément le mouvement en lui-même ou
l'antisémitismeen général. Les journaux soulignent ce qu'ils appellent les
torts des juifs dans ledéclenchement des émeutes et leur rôle considéré
comme abusif dans l'économie etla politique. À leur avis, « on n'a pas
toujours été très raisonnable du côté de nos amisisraélites ». Dans les
remèdes à apporter, il est demandé aux juifs d'avoir une
meilleureappréciation des liens qui les unissent aux musulmans et de mieux
se tenir.Cependant, si nous regardons la traduction des journaux écrits en
arabe, nousremarquons qu'il est fait état de reproches plus vifs contre les
juifs et l'on souligne« l'antagonisme des deux éléments de la population
algérienne, antagonisme qui nesouffre ni amendement ni modération.16»Début
septembre, la parution des rapports Lellouche -président du Consistoire
israéliteet Conseiller général- et Sultan -conseiller municipal et président
de la Fédérationlocale des Droits de l'homme- envenime les relations entre
juifs et musulmans. Ces deuxnotables israélites étaient présents et actifs
du 3 août au 5 août et ils stigmatisentl'attitude de la municipalité et des
forces de l'ordre pendant le déroulement dupogrom. Ils portent aussi un
jugement négatif sur les élus musulmans en expliquant quece fut une « erreur
fatale » de parler devant eux du faible contingent militaireprotégeant la
ville. Ces derniers sortent alors de leur réserve et expriment
violemmentleurs reproches vis-à-vis des juifs et de leurs responsables :
provocations religieuses,absence des quartiers au moment des troubles,
notamment celle du grand rabbin,alors que le mufti s'interposait dans les
rues...La lecture journalière des organes de presse révèle une progression
de l'hostilité enversles juifs. La Voix indigène, qui avait prêché la
concorde au début des troubles etreconnu les liens entre musulmans et
israélites « issu de la même souche » s'inscritensuite dans un antisémitisme
de plume affiché. On remarquera dans les extraits quisuivent la reprise de
thèmes antisémites européens :« On a parlé d'antisémitisme indigène. A
l'origine, c'était une importation des terreschrétiennes mais il s'est
greffé des appendices locaux qui en ont fait un tout algérien.(...) Le
problème juif tel qu'il se pose au monde entier repose sur la situation que
les juifsse sont créés. Les israélites se servent de leurs défauts pour les
élever au rang de vertuqui les aidera à dominer le monde, quand les
indigènes s'efforcent de les surmonterpour mériter le titre (celui de
citoyens français) qu'on nous contestera delongtemps.17»Le décret Crémieux,
cheval de bataille des antisémites européens, est indiqué par lesmusulmans
comme une des causes de leur mésentente avec les juifs, non par
jalousiecomme le pensaient les antisémites, mais parce que les juifs, depuis
le décretCrémieux, auraient changé d'attitude envers eux. C'est le reproche
fait en arabe parl'organe de la société des Oulemas de cheikh El Okbi :«
Depuis la loi Crémieux, ils devinrent libertaires, contestèrent les
bienfaits et se mirent àdétester leurs frères arabes et leurs voisins les
musulmans. Ils se réclament de l'autorité
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12française qui leur accorde tout ce qu'ils désirent ». « Les arabes sont
devenus leursesclaves et leurs domestiques.18»Il faut aller un peu plus loin
dans le temps pour trouver des opinions antisémitesclairement exprimées en
français par des hommes politiques proprement dits.FerhatAbbas, élu musulman
à Sétif et appartenant à la Fédération des élus musulmans dudocteur
Benjelloul, dénonce en mai 1935 dans La Dépêche algérienne la présencejuive
en Algérie en précisant que « L'après-guerre les a trouvés partout, dans les
logesmaçonniques, dans les partis dits de gauche, dans la Ligue des Droits
de l'homme ».En février 1939, le même homme politique s'exprime sur le
racisme :« L'après-guerre voit revivre le dogme racial en tant que facteur
politique et social.Revendiqué par des collectivités attachées au sol depuis
des millénaires, le dogme touten restant contestable peut paraître naturel,
c'est-à-dire inhérent à l'esprit humain et àl'instinct individuel.19»Quelles
significations donner au pogrom ?Le pogrom pose un certain nombre de
questions quant à son déroulement et à sescauses.Les explications proposées
ont été, dès le moment des faits, très variées etdivergentes. La carence des
pouvoirs publics semble bien avoir été totale. Il est certain que les
hésitations, le manque de volonté clairement exprimée, le refus des
solutionsimposées par la force publique ont retardé la fin des troubles
jusqu'à l'arrivée du maire.Le personnel d'encadrement était-il complètement
dépassé par les événements ousoucieux de « faire la part du feu » comme
l'ont avancé certains témoins afin de ne pasdévier la colère des émeutiers
sur le reste de la ville ? La Commission d'enquête n'a paspermis d'éclaircir
ce fait.Le déroulementDes rapports formulés devant la Commission d'enquête
et divers témoignagesémanant de personnes condamnant l'émeute indiquent
qu'il y eut une actionconcertée contre les juifs : Les voitures françaises,
et même les véhicules militaires, ontété signalées aux émeutiers par des
tissus volés dans les magasins juifs qu'on fixait auxportières ou sur le
capot. Simple décoration dans le cas des véhicules militaires, les
tissusdevenaient protection pour les particuliers. Un français dont la
boutique avait été pilléepar erreur reçut le lendemain les excuses de
musulmans. Seuls les juifs ont été attaquésdans leurs biens et dans leur
vie, les français de Constantine étant épargnés quand ilsdéclinaient leur
appartenance à cette composante de la population etraccompagnés le cas
échéant chez eux par un émeutier. Un jeune homme a étéobligé de se
déshabiller sur le pont Sidi Rached pour prouver sa non-judéité et
pouvoircontinuer tranquillement son chemin. Selon La Dépêche algérienne du 7
août 1934, unautre automobiliste arrêté sur le pont a été interrogé : «
Qu'est-ce que tu es toi, tu esroumi ou youdi ? » demande celui qui contrôle
le passage (...) » « Je suis français. » « Tues français, c'est bien, tu es
donc des nôtres. Vive la France ! Vive les français ! »Manifestement, on
voulait frapper les juifs et eux seuls. Pour autant, peut-on parler
depréméditation à caractère plus large et établie de longue date, sorte de
coup desonde pour tester la résistance française face à la masse algérienne
? Peut-on parleraussi de volonté délibérée et concertée de sacrifier les
juifs dans leurs biens puis dansleur vie, pour montrer au gouvernement
français que la situation des musulmans étaitdevenue insupportable ? La
figure du juif bouc émissaire, employée au temps desdeys, aurait ainsi été
parfaitement reconstituée. Par ailleurs, quel sens donner auxassassinats ?
Les représentants des musulmans et en particulier A. Ben Badis,
insistentfortement, dès le 3 août et donc avant le gros des troubles, sur la
crainte que suscite
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13chez les musulmans les armes récemment achetées en grand nombre par les
juifs.Après le 5 août, il revient continuellement sur le sentiment de
légitime défense que lescoups de feu tirés des maisons juives auraient fait
naître chez ses coreligionnaires. Ilsexpliqueraient à son avis les
débordements meurtriers du 5 août. Toutefois, plusieursaccusations portées
contre les juifs ayant soi-disant tiré contre la foule ont étécontrouvées.
Par ailleurs, le soir du 3 août, un musulman porté sur les épaules
avaitprononcé en arabe un appel à se dresser contre les juifs qui ne fut pas
traduit sur lemoment en français. Il aurait dit : « Ne nous laissons pas
faire ! Avant qu'ils ne nousvolent, volons-les ! Avant qu'ils ne nous
blessent, blessons-les ! Avant qu'ils ne nous tuent,tuons-les !20»Alors,
préméditation, laisser-faire ou encouragement ? L'étude de l'archive
concernantle pogrom est très difficile à mener, les témoignages et les
opinions sont touffus etopposés. Les analyses des historiens sont également
contradictoires. Pour ceux quireprennent à leur compte les analyses de 1934
des juifs de Constantine, le mouvementa été préparé à l'avance. Le pillage
organisé des maisons juives, l'existence possibled'équipes différentes pour
défoncer les portes et les coffre-forts, pour égorger lesfamilles, pour
rechercher et détruire les papiers de commerce sont pour ces historiensparmi
les éléments prouvant cette préméditation qui entre, selon eux, dans le
cadre del'essor du mouvement national algérien, encore à ses débuts. Les
élites musulmanesvoulant prouver la nécessité des réformes auraient mis sur
pied cette sinistre mise enscène. La répression, cependant, et contrairement
à leurs espoirs, aurait fait prendre duretard à leur cause. Pour d'autres
historiens, la préméditation fomentée par les élitesalgériennes n'est pas
prouvée, et le pogrom est le résultat de la misère et du sentimentreligieux
exacerbé.Les renseignements provenant de l'intérieur du département firent
valoir, « à tort ou àraison », que le docteur Benjelloul était responsable
des troubles. En quoi ? ces rapportsrestent muets. Une lettre d'un
conseiller général au ministre de l'intérieur, en date du 19juillet (sic)
1934, rapporte une conversation qu'il aurait eue avec des musulmans,
etcelle-ci engage lourdement la responsabilité du docteur Benjelloul qui
aurait dit à sescoreligionnaires :« Allez, pillez, tuez les juifs. Ne
touchez pas à un cheveu de français. Mais le sang et l'ordes juifs vous
appartiennent. On ne vous dira rien. Les troupes n'ont pas de
cartouches,l'administration elle-même veut donner une leçon aux
juifs.21»Cependant, à Constantine, un inspecteur indigène fournit une
explication plausible.Préméditation ? Non, on l'aurait su. Cette affirmation
d'un fonctionnaire indigène quisait comment les bruits courent parmi ses
coreligionnaires et quel est le poids etl'efficacité de la surveillance qui
pèse sur eux paraît pertinente. Plutôt que depréméditation à l'avance, de
coup de sonde contre l'autorité française, il faudraitplutôt parler
d'encouragement, sur le moment même, au pillage, voire au meurtre, cequi est
déjà beaucoup. Le docteur Benjelloul, si nous reprenons l'explication de
cefonctionnaire, aurait voulu prouver aux pouvoirs publics sa
représentativité auprès desmusulmans. Il aurait tardé à calmer le jeu afin
de se faire prier et, ensuite, débordé parles excès des meurtres et des
pillages, il n'aurait pu stopper l'émeute. L'étourderie etl'impétuosité de
l'un et le fanatisme des autres, auraient transformé cette
tentativehasardeuse en un échec sanglant. Enfin, le projet d'une
manifestation de force dirigéecontre la France semble totalement étrangère à
l'idéologie du nationalisme naissant telque le pratiquent Benjelloul et ses
amis. Au contraire, tous tentent de faire admettreleur parfait loyalisme
envers la patrie et ses idéaux. Agir contre elle aurait été iillogiqueà
leurs yeux. Mais la croyance à un complot anti-français est au contraire
largementrépandue parmi les Européens qui ne voient en permanence dans la
revendication politique des musulmans qu'une attaque dirigée par des
révolutionnaires contrel'autorité française à détruire.
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14Les Élus musulmans et La Voix Indigène ont largement disserté dans les
mois qui ont suivile pogrom sur la nécessité de procéder à d'urgentes
réformes pour faire oublier auxmusulman leur « susceptibilité morbide ».
Cela ne semble pas un argument suffisantpour prouver la préméditation comme
on l'a dit parfois. Pourquoi ? Après les faits,chacun a essayé d'en tirer le
maximum pour son camp en développant ses conclusionspersonnelles, même les
plus éloignées de la réalité. Pour les communistes, par exemple,« Tout
prouve que ce soulèvement des indigènes a été dirigé par notre
gouverneurgénéral pour avoir un prétexte de l'augmentation de ses forces de
police qui neserviront qu'à une répression féroce contre la poussée
révolutionnaire des massesouvrières algériennes voulant se dégager de
l'oppression impérialiste. Le complot étaitbien préparé, une propagande
antisémite organisée, sous l'oeil bienveillant de toutesles autorités
locales et supérieures par des organisations fascistes. (...) Il y a eu
complotpour essayer de briser ensuite le mouvement de front commun que
l'impérialismefrançais appelle tentative de désordre.22»Quelques causes
profondesLe phénomène religieux capital des années trente en Algérie est le
renouveau del'islam, particulièrement vif dans le Constantinois où les
musulmans sont très pieux. Uneaffaire comme celle de la mosquée avait toutes
les chances d'impressionner fortementdes populations religieusement très
susceptibles et déjà écrasées par les dettes et lesmauvaises récoltes. C'est
à Constantine que Abdelhamid Ben Badis (1889-1940), fils degrande famille,
fonde en 1927 l'Association des Oulemas réformistes dont il dépose
lesstatuts le 5 mai 1931 à Alger. Il souhaite restaurer un islam pur en
luttant contre lesmarabouts et les confréries religieuses. Son influence est
très grande dans les milieuxconstantinois où il demeure la principale
référence en matière de religion.Poser la question de la signification du
pogrom oblige à s'interroger sur l'histoire desidées politiques et sur celle
des comportements de groupe. En détruisantsystématiquement les biens des
juifs, les émeutiers voulaient vraisemblablement délivrerun message
politique, social et religieux. Mais en assassinant des familles
entières,étaient-ils les instruments d'une idéologie ou les hommes de leur
époque et de leurmilieu ? L'histoire des idées, on le voit bien ici, ne
recouvre pas la totalité descomportements. Il y a bien de l'idéologie dans
l'antisémitisme, dans le désir devengeance d'une offense religieuse réelle
ou supposée ou dans un mouvement derevendication tel que celui invoqué en
dernière analyse par les commentateurs, maisc'est autre chose qui se joue
lorsque, toute bornes franchies, on assassine les petitsenfants.Comment
rendre compte des facteurs les plus intimes qui poussent des hommes engroupe
à en tuer d'autres, à agir contre leur intérêt à long terme si l'on songe à
la répression à venir, et contre les principes de leur religion qui dirige
au plus haut pointleur vie ? Il nous faut chercher les raisons de ce
débordement tout au fond descomportements. Toujours en suivant Maurice
Agulhon disons que les caractèresmentaux communs à un groupe d'hommes
prennent une partie de leurs racines dansun inconscient collectif différent
des idées, des opinions, des programmes politiquesétablis et donc clairement
exprimés. Ces caractères sont le résultat d'une lenteimprégnation de l'être
qui structure les comportements et se forme plus ou moinsconsciemment à
partir de l'expérience vécue et quotidienne, des échanges entreéléments
ethniques de la population, des préjugés de l'entourage...
L'antisémitisme,conditionnement profond et durable des sociétés algériennes
aussi bien européennesque musulmanes, ressortit partiellement de l'histoire
des sensibilités et desreprésentations collectives. Le brusque passage du
pillage systématique à l'assassinataveugle montre l'existence de deux
niveaux d'action à l'oeuvre parmi les émeutiers, unniveau conscient et
soumis à une volonté précise, oblitéré brutalement par un niveauinconscient
qui laisse remonter les forces profondes. La différence entre les émeutiers
et
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15leurs représentants qui sillonnent les quartiers pour apaiser les esprits
est que la politiqueet le sens du discernement ne sont qu'une composante de
la mentalité des émeutierset sans doute pas la première.Un mouvement social
et politiqueLe pogrom souligne chez les musulmans une hostilité envers tous
ceux qui, à leurs yeux,profitent de l'Algérie. Les juifs sont lancés dans
une francisation rapide, tant en ce quiconcerne leur mode de vie que leurs
activités et ne sont plus aussi proches d'eux qu'ilsl'étaient auparavant. La
proximité n'empêchait alors pas les affrontements mais, grâceà elle, les
deux communautés vivaient dans une forte compréhension mutuelle. Ainsi,les
musulmans n'avaient joué pratiquement aucun rôle autonome dans les
émeutesantijuives de la fin du XIXe siècle et beaucoup avaient aidé les
juifs en cas de besoin.En trente ans, le fossé culturel s'est élargi entre
ces deux composantes de la population.A l'éloignement affectif s'ajoute la
vision de la réussite sociale et économique, mêmeminime, de beaucoup de
juifs. La rancoeur aidant, une étincelle pouvait embraser lesesprits.En
dehors des juifs sont également mis en cause les gros colons et autres «
objecteursde portefeuille », exploiteurs de l'Algérie, cette « vache à
lait » intarissable dont lesEuropéens ne veulent pas partager les bénéfices.
Le cas des néos, qui viennentd'Espagne ou d'Italie pour prendre aux
autochtones « le peu qu'il leur reste » fait biencomprendre la position des
musulmans face à l'envahissement étranger. Occupésdepuis une centaine
d'années, ils sont tenus aux marges de la citoyenneté et desbénéfices créés
par la société coloniale. Avec 51 445 personnes recensées en 1931, ilssont à
peine plus nombreux à Constantine que les européens (36 092) et les
israélites(12058) réunis. Ils ont observé le changement de statut des
israélites mais aussi la placegrandissante de ces néos, nouvellement
débarqués, dans l'espace public algérien. « Lemusulman français d'Algérie a
fait des comparaisons. Il a vu qu'on faisait toujours unedifférence entre
lui et les éléments européens débarqués de la veille, différence quis'est
toujours manifestée à son désavantage ». Ces nouveaux venus mieux traités
queles autochtones occupent des fonctions publiques et ont souvent la
chargeadministrative des indigènes. Si les musulmans supportent sans trop
broncher le poidsdes français, ils ne tolèrent pas que d'autres européens
fassent, chez eux, la loi sur euxet ils ne ratent pas une occasion
d'exprimer leur rancoeur à ce sujet. Ils ressentent un vifcomplexe
d'encerclement et un sentiment d'injustice qu'ils supportent, disent-ils,«
jusqu'à nouvel ordre ». Mais lorsque les néos d'Algérie, tel le maire Lucien
Bellat à Sidi-Bel-Abbès et « gaulois via l'Espagne », rayent des listes
électorales les juifs naturalisés parle décret Crémieux, Ferhat Abbas, prend
parti contre eux, ce qui n'en fait pas un totalami des juifs mais éclaircit
sa pensée sur qui est Algérien et qui ne l'est pas :« Le racisme devient
incontestablement ridicule lorsqu'il est appliqué par les derniersvenus sur
un sol qui ne leur appartient pas et où ils ont été recueillis généreusement
il ya à peine trois quarts de siècle ». « Il serait intolérable que certains
néo-françaisveuillent faire la loi chez nous et contre nous. » « Faire du
racisme en Algérie contre lesAlgériens, halte-là.23»Les aspirations des
musulmans à l'égalité et à la reconnaissance de leur identitéreligieuse dans
le cadre politique se dessinent à Constantine comme dans le reste
del'Algérie depuis les années vingt. De façon générale, la contestation
marque les jeunesgénérations musulmanes dont l'attitude « d'arrogance », «
d'insolence » et de« revendication tranche, selon les observateurs
européens, avec l'attitude toute de« loyauté » des plus anciennes24. Cette
contestation est relayée par les nouveauxhommes politiques formés à l'école
française et acquis aux principes d'émancipationet d'égalité appris sur les
bancs de l'école. Le mouvement réformiste des Oulemas deA. Ben Badis
revendique pour les musulmans l'application des principes de 1789 et
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16réclame pour eux l'égalité des droits puisqu'ils ont les devoirs. Son
slogan est « L'arabeest ma langue, l'Algérie est mon pays, l'islam est ma
religion ».La Fédération des Élus musulmans regroupe les premiers
intellectuels et les bourgeoisautour de M. Benjelloul et de A. Ben Badis.
Elle est née de l'éclatement de la fédérationdes Elus Musulmans d'Algérie
créée en 1924 et à laquelle ont succédé des fédérationsdépartementales et
espère obtenir l'égalité des droits dans le cadre de la
souverainetéfrançaise sans abandon du statut personnel25. Disons pour mieux
situer ce courant qu'ilse déclara dans un premier temps satisfait des
promesses du projet Blum-Viollette de1936. L'Etoile Nord-Africaine de
Messali Hadj, fondée en 1926 et réclamantl'indépendance, est pour le moment
le seul mouvement réellement nationaliste. Ilreprend à son compte la lutte
contre l'impérialisme et le capitalisme mais possèdeencore relativement peu
d'audience dans le Constantinois.Après le pogrom, le champ idéologique se
fissure et se recompose. L'épisode du 5 aoûtincite les communistes, peu
nombreux à Constantine26, à renforcer la lutte des classeset la lutte contre
l'impérialisme27. Pour un grand nombre de français, le pogrom est
sansconteste une manoeuvre antifrançaise ou encore antinationale fomentée
par desmeneurs qui veulent rejeter la France à la mer. Les événements du 5
août 1934 révèlentselon eux une crise d'autorité du régime colonial. Pour la
surmonter, il faut empêcher lespropagandes extérieures de se manifester et
accentuer la répression tout en faisantvenir davantage de militaires dans la
région afin d'aider au maintien de l'ordre. Il fautcorrélativement, ajoutent
les antisémites, « relever le prestige français en nettoyantnotre politique
constantinoise, en la débarrassant de tous les responsables de lasituation
actuelle », c'est-à-dire les conciliateurs « qui ont ravalé les français au
rang deserviteurs du judaïsme ». D'autres, ou parfois les mêmes, pensent
qu'il faut faire unemeilleure place aux musulmans, leur proposer des «
mesures économiques et politiquesmoins absurdes », qui consisteraient en
somme à « faire entrer les musulmans dans la famille française, selon les
propositions de l'ancien gouverneur général Viollette. Sinon,disent les uns
et les autres, c'est la présence française en Algérie qui est menacée
alorsque « l'Algérie terre française doit rester française. Il ne faudrait
tout de même pasmettre la France, un jour, dans l'obligation de faire une
nouvelle conquête del'Algérie28»De leur côté, les juifs prennent brutalement
conscience de la persistance de leur non-intégration dans la nation et des
dangers toujours menaçants de l'antisémitisme. Leurinquiétude perce : « il
faut réagir et placer la question sur le plan humanitaire etnational. » La
rancoeur contre les pouvoirs publics qui ont laissé la situation
dégénérerpendant plusieurs heures se manifeste chez les notables. La fusion
n'est plus totale avecl'idéologie républicaine dont l'émeute a montré les
failles et les contradictions. Les juifsd'Algérie mettent en balance les
sacrifices faits pour la patrie et leur peu de valeur auxyeux des racistes
invétérés : « pouvait-on penser qu'au lendemadela tragédieêp( ) Tj 41 0 0 41
1412 0 Tm (l) Tj 41 0 0 413 711 0 Tm (a ) Tj41 0 0 41 6362 0 Tm (v) Tj 41 0
0 41 1 16 0 Tm (i) Tj 41 0 0 411 394 0 m (o) Tj 41 0 0 41 1170 0 Tm (l) Tj
41 0 0 41 3120 0 Tm (e) Tj 41 0 0 41 4570 Tmn (c) Tj 41 0 0 41 0519 0 Tm (e)
Tj 41 0 0 41 3256 0 Tm (,) Tj 41 0 041 4607 0 Tm ( ) Tj 41 0 0 4151172 0 Tm
(r) Tj 41 0 0 4158854 0 Tm ( )Tj 41 0 0 41 1177 0 Tm (p) Tj 41 0 0 4163059 0
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17côté pendant une conférence en France, » je raye de mon vocabulaire les
motscélèbres, l'Algérie est le prolongement de la France.30»Ces phrases,
répétées par tous les organes de presse, sont longtemps utilisées contre
lesjuifs de Constantine comme une preuve de leur manque de patriotisme.
Toutefois, la coupure ne se fait pas entre les juifs et la France même, bien
au contraire. Lesmanifestations d'affection et de proximité continuent
d'autant plus qu'on a laconviction de ne pas avoir été frappé par elle, la
« véritable mère » des Juifs d'Algérie.Pour les juifs comme pour les
musulmans, les torts viennent toujours des Françaisd'Algérie et de
l'administration coloniale, la Métropole elle-même reste au-dessus detout
soupçon, auréolée de ses valeurs républicaines et toujours digne de l'amour
et dessacrifices de ses enfants : « J'entends bien que la France est terre
de liberté. Et nous,juifs français, nous l'aimons passionnément, ce pays
libéral. Cet amour est inscrit enlettres de sang sur les fronts de guerre et
aussi dans la chair de nos mutilés.31»De leur côté, à la lumière des
événements du 5 août, les musulmans prennent encoremieux conscience de la
réalité de la colonisation. L'égalité entre citoyens françaissemble, pour
eux aussi, un leurre, « une comédie ». Remarquant que le maire diminuede
moitié le nombre des policiers israélites et musulmans afin de franciser la
police, LaVoix Indigène du 27 septembre 1934 ironise : « Cette francisation
cadre très bien avecles ronflades de M. Morinaud à savoir qu'en Algérie il
n'y a que des Français sansdistinction de race et de religion ».Venant après
la célébration du Centenaire de l'Algérie qui avait montré aux indigènesleur
statut inférieur de sujets au sein de la République française, la répression
dupogrom manifeste plus encore la dureté du régime colonial et son
incapacité à seréformer, elle met le doigt sur la distance entre les mots de
la République, lareprésentation qu'on s'en était faite et la réalité des
prisons républicaines. Cette prisede conscience conforte malgré tout les
Elus musulmans dans la volonté de faireprogresser les réformes à tout prix
mais « en bons français », en suivant les chemins de lavie politique
républicaine traditionnelle. Il n'y a pas rupture entre la France et la
Fédération des Élus musulmans qui souhaite obtenir une représentation
parlementaireet pouvoir travailler à égalité avec les français. Elle réclame
également pour lesmusulmans l'accession à la citoyenneté française sans
perte du statut personnel. « Vivela France ! Vive l'Algérie musulmane ! »
est son slogan de l'époque.La rupture avec le système colonial est cependant
déjà totale en ce qui concerne lemouvement de Messali Hadj pour qui le
procès des juifs est sans appel car ils se sontperdus eux-mêmes en entrant
dans le jeu du pouvoir français :« De toutes façons, le responsable, pour
nous, c'est le capitalisme. Antisémites, non etnon ! mais
anti-impérialistes, oui !... Les juifs en Algérie sont les alliés du
colonialisme etses meilleurs serviteurs. Il y a plus, c'est qu'ils sont
français, c'est-à-dire qu'ils sont allés ducôté du plus fort, ils ont trahi
ceux qui leur avaient donné l'hospitalité, le titre decitoyens algériens,
alors qu'il y a quelques siècles toute l'Europe les chassa de partout.Non
seulement ils n'ont jamais été reconnaissants mais [ils ont profité] du
fameux décretCrémieux qui leur accorda le droit de citoyens français, pour
se dresser contre lesmusulmans. Donc la lutte contre les juifs, alliés du
colonialisme, est la lutte contrel'impérialisme.32»Disons pour terminer que
le pogrom d'août 1934 résume sinon tout, du moinsbeaucoup en ce qui concerne
les difficultés politiques et sociales de l'Algérie del'entre-deux-guerres.
Parmi celles-ci le malaise et les ambiguïtés du régime colonial, laforce de
l'antisémitisme chez les Européens et même chez les musulmans,
l'importanceprimordiale de l'islam pour ces derniers. Au plan de la question
nationale algérienne, le
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18pogrom permet aux différentes sensibilités de s'exprimer. La répression,
toutefois,succède au pogrom et, en mars 1935, le ministère de l'intérieur
Régnier, inaugure unepolitique de répression contre le « malaise algérien »
qui frappe le nationalismebalbutiant33.Pour les juifs et les musulmans, le
pogrom de Constantine n'engendre pas de ruptureavec les valeurs
républicaines mais il est un jalon, une prise de conscience, tant au plande
l'idéologie nationale qu'à celui de la coexistence des religions. L'effroi
qu'il inspireconduit les responsables de l'islam et du judaïsme à se réunir
avec les chrétiens au sein de l'Union des croyants monothéistes et à renouer
le dialogue pour éviter la répétitiondu drame. Un pari qui semble tenu si
l'on en juge par l'attitude des musulmans enversles juifs pendant la Seconde
Guerre mondiale. A quelques exceptions près, cetteattitude fut toute de
dignité et de fraternité envers une population par ailleurs bienmalmenée.
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19SOURCES ET BIBLIOGRAPHIECentre des archives d'outre-mer d'Aix-en-Provence
(CAOM), 9H 52 à 9H 55,Journaux :Bulletin de la fédération des sociétés
juives d'Algérie, 1933-1939L'Algérie ouvrière, 1934La Dépêche algérienne,
extraits 1934La dépêche de Constantine, extraits, 1934L'Écho d'Alger
1934-1935La Presse libre, extraits 1934Le Rappel, extraits 1934Le
Républicaine de Constantine, 1934L'Univers israélite, 1934-1935La Voix
indigène, 1934-1935AGERON Charles-Robert, 1979, Histoire de l'Algérie
contemporaine, tome 2, 1871-1954,PUF, 646 pages.AGULHON Maurice, Histoire
vagabonde, 1986, tome 1; 1990, tome 2 ; 1996 tome 3.AOUATE Yves-Claude,
Constantine 1934 : Un pogrome « classique », Les nouveauxcahiers,ATTAL
Robert, 1985, 5 août 1934 : les émeutes de Constantine. Paris, 144
pages.AUTREMENT, mars 1999, n°55, « Alger 1860-1939, Le modèle ambigu du
triomphecolonial », 232 pages.CHEMOUILLI Henri, 1976, Une diaspora méconnue,
les juifs d'Algérie, Paris, 327 pages.CHOURAQUI André, 1998, Histoire des
juifs d'Afrique du Nord, tome 2, Le retour enorient, Paris, ed. 344
pages.DERMENJIAN Geneviève, 1986, La crise anti-juive oranaise (1895-1905),
l'antisémitismedans l'Algérie coloniale, Paris, L'Harmattan, 272
pages.GIRARDET Raoul, 1984, Les trois couleurs, in Pierre NORA (dir.) Les
Lieux de mémoire, I LaRépublique, pp. 5-35.STORA Benjamin, 1991, Histoire de
l'Algérie coloniale, 1830-1962, Paris, La Découverte,130 pages.
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201AGULHON M.,1986, tome 1; 1990, tome 2 ; 1996 tome 3.2L'idéologie
républicaine n'est toutefois pas uniformément respectée en Algérie. L'étude
du spectrepolitique révèle non l'uniformité mais les transitions, les
discontinuités, les dégradés de la mystiquerépublicaine. Pour s'en tenir aux
partis européens, les principess républicains y sont attaqués sur leursdeux
extrémités. D'un côté, le communisme suggère de recourir à la lutte
antiimpérialiste etanticapitaliste. De l'autre côté, les idéologies
fascistes attirent une partie des « nationaux français » c'est àdire
l'extrême droite européenne d'Algérie. L'Italie fasciste, voisine bien
armée, conquérante, est pourtantune menace virtuelle pour l'Algérie.
L'Allemagne nazie attire aussi l'extrême droite par son régimeautoritaire et
son antisémitisme.3Girardet, 1984, page 284Cité âr Attal, 19855La Presse
Libre, 11 août 19346Dermenjian, 1986777Malgré tout, il reste en 1939 chez
les israélites à peu près 20% d'oisifs, c'est-à-dire en fait
desmendiants.8Centre des Archives d'Outre-Mer -désormais CAOM- 9h53, 10
septembre 19349CAOM 9H5210Tam Tam, 1 septembre 1934s11Tam Tam,15 septembre
193412L'Opinion Libre, 215 août 1934.13Bonjour, 19 août 193414Cette
distorsion de la mémoire serait intéressante à étudier dans le détail. Le
conseiller généralLellouche, commençant son rapport sur les troubles
affirme, en opposition totalee avec l'actualité récente,que juifs et
musulmans n'ont connu aucun affrontement depuis plusieurs années et que
l'accord le pluscomplet n'a cessé de régner entre les deux éléments comme
dans les assemblées électives, ce que contesteA. Benbadis.Une seconde
contradiction réside dans l'appréciation des relations historiques entre les
deux communautésautochtones telles qu'on peut les appréhender à travers les
articles de journaux, les brochures, les rapports.Les juifs et les musulmans
se donnent mutuellement une même base ethnique, une même histoire et
desattitudes communes. Ils rappellent avec raison que les Juifs ont trouvé
refuge en Afrique du Nord après1492, à une époque où ils étaient chassés de
l'Europe entière. Les deux parties sont aussi d'accord pourreconnaître dans
les analyses qu'elles font du pogrom, sinon une parfaite entente entre les
deuxcommunautés dans les siècles qui précédèrent l'arrivée des Français, du
moins l'absence de crises aigues,marquées par des assassinats et des
destructions massives. Les commentateurs s'interrogent même sur cefait, «
comment s'est-il donc fait (c'est même un métropolitain qui parle) que le
fanatisme musulmans sesoit tout à coup manifesté en haine sanguinaire ?
Comment cette haine a-t-elle attendu pour éclater quel'Arabe dominateur soit
devenu à son tour sujet du conquérant français ? » Le droit de vivre, août
1934.Or, si l'on examine les siècles de la domination ottomane la situation
des juifs s'aggrave par rapport àla période précédente, les crises ne
manquent pas et certaines sont d'une gravité extrême. En 1805 à Alger,un
membre de la famille Busnach est assassiné et quarante-sept juifs également.
En 1806, ce sont troiscents juifs qui sont assassinés, encore à Alger. En
1818, la communauté juive de Constantine est pillée,dix-sept jeunes filles
sont enlevées à leur famille et offertes au dey d'Alger ( Cf les rapports du
consul deFrance Dubois-Thinville aux A.N.O.M. ; voir aussi pour une vue
d'ensemble
; André Chouraqui,Histoire des Juifs d'Afrique du Nord, tome 1, pages
14-15). Comment alors un journal écrit par des juifspeut-il laisser passer
que : « israélites et musulmans jamais n'avaient eu entre eux, même avant
laconquête française, de heurt aussi violent, aussi brutal que celui du 5
août » Bulletin de la Fédératopn desSociétés juives d'Algérie, juillet 1935.
Même si l'on considère que ces drames auraient été le fait des
seulsottomans, la situation des juifs était marquée dans toute la société
algérienne des siècles précédant l'arrivéedes Français par l'infériorité de
leur statut, le mépris, les affrontements.Pourquoi cet oubli des faits,
notamment de la part des victimes ? Le second aurait-il, selon
l'expressionconnue
en Algérie, fait oublier le premier ? Notons simplement que, pour les juifs
de Constantine, maisaussi pour les autres composantes de la population, le
souvenir qui perdure pendant l'entre-deux-guerresn'est pas celui des pogroms
d'autrefois mais bien celui de la crise antijuive de la fin du 19e siècle,
trèsvive à Constantine comme dans les autres grandes villes d'Algérie.15La
Presse Libre, 10 août 193416En Nadjah, 26 août 193417La Voix indigène, 20
septembre 1934.18Eth Thabet, 14 août 193419Bulletin de la Fédération des
sociétés juives d'Algérie.20in Attal, 1985
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2121CAOM 9H5222L'Algérie ouvrière, 21 août 193423Bulletin de la fédération
des sociétés juives d'Algérie, février 1939.24CAOM 9h53, rapport Vallet 31
août 1934. « Il reste en Algérie un fond de population qui estreconnaissant
à la France de la tâche sociale accomplie par elle en Afrique du Nord. Les
bons bergers dontil a été parlé aux Délégations Financières résistent encore
à l'assaut des propagandes haineuses. Mais ilssont menacés de plus en plus
d'être submergés. On dresse contre eux des textes tronqués du Coran, on
lesdénonce comme de mauvais musulmans. Les vieux marabouts qui détenaient
l'autorité religieuse commeun héritage ancestral et cadré se voient
remplacés d'office par la pléiade de jeunes ulémas, professeursprétentieux
de droit coranique et préparateurs de catastrophes. »25Le premier qui ait
formulé expressément cette revendication était l'émir Khaled, fondateur du
mouvementJeune Algérien. En 1912, le mouvement sollicita, en contreparttie
de la conscription, l'égalité des droitspolitiques et une représentation
parlementaire.26Le parti constantinois regroupe en 1934 trente trois
français, vingt-deux juifs et seulement troismusulmans.27L'Algérie ouvrière,
déclare le 7 août 1934 que "La lutte antisémite ne peut apporter
d'amélioration sipetite soit-elle aux masses arabes même quand elles sont
vainqueurs. Elle ne fait que le jeu des racistes,des fascistes, des
hitlériens français, des capitalistes nos exploiteurs qui entretiennent et
excitent la lutteraciste, pour cacher aux masses les difficultés
intérieures, extérieures qu'engendre leur régime moribond demisère et de
sang.La lutte, de la vraie lutte, qui apporterait l'amélioration si petite
soit-elle aux exploités, est la lutte desclasses, la lutte anti-impérialiste
et la lutte contre les trusts de transport, les industriels, les colons,
pourla journée de huit heures et le salaire syndical contre les usuriers et
les impôts.« La lutte contre l'exploiteurs israélite, musulman ou européen
sans distinction de conception religieuse.La lutte enfin contre l'oppresseur
et tous ceux qui le défendent ».28CAOM 9H52, 25 août 193429Bulletin de la
Fédération des sociétés juives d'Algérie, juillet 193530Tam Tam 22 sept
34.31Bulletin de la fédération des sociétés juives d'Algérie, octobre
1934.32El Ouma, 20 août 193433in Attal, 1985
FIN DU TEXTE
Conclusion : En Algérie hier comme en France aujourd'hui les Français ont
majoritairement assisté aux pogroms perpétrés par les musulmans sans
intervenir pour protéger les juifs.
L'avenir des juifs de France est en Israël, aux USA ou en Asie non musulmane
mais pas en Europe et surtout pas en France.