Cardinal de Hère
2013-12-30 23:11:40 UTC
Bravo l'UE, bravo l'Euro, bravo Hollande ! Quel succès phénoménal !
<http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20131230trib000803087/l-economie-europeenne-victime-de-l-ideologie.html>
L'économie européenne victime de l'idéologie
Il est possible de retrouver la croissance, les exemples américains,
britanniques, japonais...le prouvent. Mais les européens s'accrochent,
par idéologie, à une politique monétaire adaptée aux seuls besoins
allemands.
Par Michel Santi*
Le constat est terrifiant. Eurostat indique que 24.8% de la population
européenne - soit près de 125 millions de personnes - étaient en 2012 «
au seuil de la pauvreté et de l'exclusion sociale ». A force de
s'ingénier à démanteler notre modèle social européen,
l'ultra-libéralisme peut désormais crier victoire. Il est enfin parvenu
à faire dépendre notre niveau de vie, notre pouvoir d'achat et nos
emplois intégralement de la conjoncture économique, elle-même - on ne le
sait que trop aujourd'hui - calquée sur les aléas des marchés boursiers
et sur les profits du système financier.
Des remèdes macro-économiques à portée de main
En l'absence de remèdes macro-économiques pourtant à portée de main,
devant le refus catégorique des dirigeants du Nord de soulager les
populations meurtries du Sud, ces statistiques relatant la misère en
Europe et le délitement de notre autrefois enviée solidarité sont
condamnés à s'aggraver. Nous refusons dorénavant d'accorder une
protection basique à nos citoyens les plus fragiles et livrons sans
scrupule leur existence et leur destinée aux cycles de l'activité
économico-financière. Saviez-vous pourtant que tout ce gâchis aurait pu
être évité ?
Une Europe esclave de l'idéologie
Cette Europe où l'idéologie - depuis l'affaire Dreyfus au
marxisme-léninisme pour en finir avec le nazisme - a fait tant de
ravages. Cette Europe est effectivement encore et toujours esclave de
l'idéologie qu'elle fait subir à une portion considérable de ses
enfants. Idéologie qui veut aujourd'hui imposer l'austérité pour punir
les pêcheurs et pour mater les cigales. Alors qu'il aurait été si facile
d'accompagner au moins cette rigueur dictée à la périphérie par une
politique expansioniste mise en place dans les pays riches. Le crime
contre l'humanité - aujourd'hui en 2013-2014 - consiste donc à ce qu'une
des parties du monde censée être la plus riche et la plus confortable
assiste à l'exclusion et à la misère du quart de sa population dans une
indifférence totale.
Nos déboires viennent d'une politique monétaire adaptée aux besoins
allemands
Car, contrairement à ce qui nous est servi et assené quotidiennement,
cette crise n'est pas la résultante de l' »Etat social », tout comme
cette crise ne sera certainement pas résorbée en diminuant les dépenses
publiques pas plus qu'en dérégulant le marché du travail. Les sources de
nos déboires sont de nature monétaire car l'Union européenne a dû
fonctionner pendant dix ans avec des taux d'intérêt et avec une
politique monétaire seulement adaptée aux besoins allemands. Dans une
royale indifférence à la conjoncture en vigueur au sein des nations
européennes périphériques, qui ont fatalement subi de multiples bulles
spéculatives du fait de taux d'intérêt maintenus à des niveaux infimes
afin de soulager une Allemagne qui en avait alors désespérément besoin.
L'Europe refuse de voir les recettes qui fonctionnent aux Etats-Unis,
Grande-Bretagne, Japon...
C'est cette même idéologie mortifère qui fait des siennes aujourd'hui
quand Francfort, quand Berlin et quand Bruxelles ne cessent de nous
répéter que l'incontestable reprise économique ayant lieu aux Etats-Unis
(mais aussi au Japon et en Grande Bretagne) repose sur des fondements «
artificiels », à savoir sur les baisses de taux quantitatives
(c'est-à-dire sur la création monétaire). Reprise économique «
illégitime » basée sur une accumulation supplémentaire de dettes, alors
qu'il est si sain de souffrir et d'expier ses pêchés et ses excès…
Pourquoi cette Europe si doctrinale suivrait en effet les Etats-Unis, le
Japon, la Grande Bretagne et même la très orthodoxe Suisse, dont la
banque centrale a pourtant montré un activisme qui force le respect
puisqu'elle détient aujourd'hui à son bilan un portefeuille
d'obligations équivalent à 85% du P.I.B. helvétique ?
Pour sa part, l'Union européenne a décrété pouvoir s'en tirer sans
artifices monétaires, totalement indifférente à la plus grave récession
depuis la seconde guerre mondiale. Mais qu'est-ce qui cloche chez nous
en Europe ?
* Michel Santi, économiste franco-suisse, conseille des banques
centrales de pays émergents. Il est membre du World Economic Forum, de
l'IFRI et est membre de l'O.N.G. "Finance Watch".
<http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20131230trib000803087/l-economie-europeenne-victime-de-l-ideologie.html>
L'économie européenne victime de l'idéologie
Il est possible de retrouver la croissance, les exemples américains,
britanniques, japonais...le prouvent. Mais les européens s'accrochent,
par idéologie, à une politique monétaire adaptée aux seuls besoins
allemands.
Par Michel Santi*
Le constat est terrifiant. Eurostat indique que 24.8% de la population
européenne - soit près de 125 millions de personnes - étaient en 2012 «
au seuil de la pauvreté et de l'exclusion sociale ». A force de
s'ingénier à démanteler notre modèle social européen,
l'ultra-libéralisme peut désormais crier victoire. Il est enfin parvenu
à faire dépendre notre niveau de vie, notre pouvoir d'achat et nos
emplois intégralement de la conjoncture économique, elle-même - on ne le
sait que trop aujourd'hui - calquée sur les aléas des marchés boursiers
et sur les profits du système financier.
Des remèdes macro-économiques à portée de main
En l'absence de remèdes macro-économiques pourtant à portée de main,
devant le refus catégorique des dirigeants du Nord de soulager les
populations meurtries du Sud, ces statistiques relatant la misère en
Europe et le délitement de notre autrefois enviée solidarité sont
condamnés à s'aggraver. Nous refusons dorénavant d'accorder une
protection basique à nos citoyens les plus fragiles et livrons sans
scrupule leur existence et leur destinée aux cycles de l'activité
économico-financière. Saviez-vous pourtant que tout ce gâchis aurait pu
être évité ?
Une Europe esclave de l'idéologie
Cette Europe où l'idéologie - depuis l'affaire Dreyfus au
marxisme-léninisme pour en finir avec le nazisme - a fait tant de
ravages. Cette Europe est effectivement encore et toujours esclave de
l'idéologie qu'elle fait subir à une portion considérable de ses
enfants. Idéologie qui veut aujourd'hui imposer l'austérité pour punir
les pêcheurs et pour mater les cigales. Alors qu'il aurait été si facile
d'accompagner au moins cette rigueur dictée à la périphérie par une
politique expansioniste mise en place dans les pays riches. Le crime
contre l'humanité - aujourd'hui en 2013-2014 - consiste donc à ce qu'une
des parties du monde censée être la plus riche et la plus confortable
assiste à l'exclusion et à la misère du quart de sa population dans une
indifférence totale.
Nos déboires viennent d'une politique monétaire adaptée aux besoins
allemands
Car, contrairement à ce qui nous est servi et assené quotidiennement,
cette crise n'est pas la résultante de l' »Etat social », tout comme
cette crise ne sera certainement pas résorbée en diminuant les dépenses
publiques pas plus qu'en dérégulant le marché du travail. Les sources de
nos déboires sont de nature monétaire car l'Union européenne a dû
fonctionner pendant dix ans avec des taux d'intérêt et avec une
politique monétaire seulement adaptée aux besoins allemands. Dans une
royale indifférence à la conjoncture en vigueur au sein des nations
européennes périphériques, qui ont fatalement subi de multiples bulles
spéculatives du fait de taux d'intérêt maintenus à des niveaux infimes
afin de soulager une Allemagne qui en avait alors désespérément besoin.
L'Europe refuse de voir les recettes qui fonctionnent aux Etats-Unis,
Grande-Bretagne, Japon...
C'est cette même idéologie mortifère qui fait des siennes aujourd'hui
quand Francfort, quand Berlin et quand Bruxelles ne cessent de nous
répéter que l'incontestable reprise économique ayant lieu aux Etats-Unis
(mais aussi au Japon et en Grande Bretagne) repose sur des fondements «
artificiels », à savoir sur les baisses de taux quantitatives
(c'est-à-dire sur la création monétaire). Reprise économique «
illégitime » basée sur une accumulation supplémentaire de dettes, alors
qu'il est si sain de souffrir et d'expier ses pêchés et ses excès…
Pourquoi cette Europe si doctrinale suivrait en effet les Etats-Unis, le
Japon, la Grande Bretagne et même la très orthodoxe Suisse, dont la
banque centrale a pourtant montré un activisme qui force le respect
puisqu'elle détient aujourd'hui à son bilan un portefeuille
d'obligations équivalent à 85% du P.I.B. helvétique ?
Pour sa part, l'Union européenne a décrété pouvoir s'en tirer sans
artifices monétaires, totalement indifférente à la plus grave récession
depuis la seconde guerre mondiale. Mais qu'est-ce qui cloche chez nous
en Europe ?
* Michel Santi, économiste franco-suisse, conseille des banques
centrales de pays émergents. Il est membre du World Economic Forum, de
l'IFRI et est membre de l'O.N.G. "Finance Watch".