Post by AnansiPost by HibouC'est celui qui se borne à des études classiques qui porte une perruque
d'antan - et le latin en est la poudre.
Il y a comme un oubli, la société n'est pas faite de machines, elle est
avant tout faite d'êtres humains dont ces machines ne sont (ne devraient
être) que des accessoires.
Accessoire veut dire secondaire, pas essentiel. Or, de nos jours, sans
les machines, il n'y a pas de société. 7,7 milliards de gens ne peuvent
pas se nourrir sans machines, encore moins avoir le loisir de penser aux
choses plus avancées de la civilisation.
Ça a, d'ailleurs, été longuement le cas. Orwell ne dit-il pas, dans 'The
Road to Wigan Pier' (1937) : "Our civilisation, /pace/ Chesterton, /is/
founded on coal, more completely than one realises until one stops to
think about it. The machines that keep us alive, and the machines that
make machines, are all directly or indirectly dependent upon coal. In
the metabolism of the Western world the coal-miner is second in
importance only to the man who ploughs the soil. He is a sort of grimy
caryatid upon whose shoulders nearly everything that is /not/grimy is
supported" ?
Les machines, la science, la technologie sont devenues essentielles. Qui
ne les a pas étudiés n'est pas un homme moderne.
(Cela est, d'ailleurs, largement le problème avec nos gouvernements
actuels. Peu de députés ont quelque formation scientifique. La plupart
d'entre eux sont des reliques d'un temps révolu, et ne peuvent pas faire
face aux problèmes techniques, tels la gestion d'une pandémie, qui
relève, elle, de l'ingénierie des systèmes.)
Post by AnansiQu'est-ce qui organise le fonctionnement de cette société ?
Des règles, comme par exemple l'/habeas corpus/. Aucun fondement
scientifique et technique à celui-ci, comme à la plupart de ces règles
synthétisées par de jolies formules latines, /actori incumbit probatio/,
/affectio societatis/, /dura lex, sed lex/, /error communis facit jus/,
/fraus omnia corrumpit/, /in dubia pro reo/, /intuitu personnae/, /nemo
auditur propriam turpitudinem allegans/, /nullum crimen, nulla poena
sine lege/ /et coetera/, /et coetera/.
/Res ipsa loquitur/, sans la faculté de penser clairement les relations
entre les êtres humains, les connaissances techniques et scientifiques
ne sont qu'accessoires.
La vieille formule latine a l'avantage de la concision et, si l'on est
un peu instruit, de la clarté, sans compter l'appui d'une longue
histoire agrémentée de cas concrets d'application.
Au lieu de « un peu instruit », il faut dire « qui a étudié assez
longtemps le latin pour comprendre sans ambiguïté ces formules ». Mais
quelle perte de temps, d'apprendre une langue juste pour ça ! Si ces
règles se veulent universelles, elles doivent se formuler dans les
langues que parlent les peuples qu'elles régissent.