Post by Michel TalonPost by jc_lavauEn quoi cette histoire de position et de vitesse (nécessairement d'un
corpuscule) pourrait bien avoir de la pertinence ?
Par exemple une onde plane a une vitesse bien précise, mais la position
est indéterminée. La vitesse et la position ne sont pas nécessairement
liées à un corpuscule, on peut considérer un paquet d'ondes bien
localisé, mais alors la vitesse est mal définie. La notion de corpuscule
(photon) est plutôt liée, il me semble, au fait que les photons ne
peuvent interagir que par quantas entiers d'énergie h nu, ce qui résulte
de l'interprétation d'Einstein de l'effet photoélectrique, et de la
théorie de Planck du corps noir, et se traduit théoriquement par la
seconde quantification du champ électromagnétique.
Il y a eu inversion de causalité, non pas pour des raisons
scientifiques, mais territoriales : anti-Schrödinger.
En 1905, Einstein avait postulé que c'était l'espace qui se chargeait de
la quantisation de la lumière, en imposant un néo-corpuscule. Nonobstant
que c'est contradictoire avec tous les résultats expérimentaux obtenus
au 19e siècle, voire avant. La secte Göttingen-København a maintenu ce
postulat, et ses héritiers de même.
Problème : si vous faites une expérience de résonance Mössbauer à
l'échelle d'une paillasse, et non sur les 21 m de Pound, Rebka et
Snider, la distance entre émetteur et absorbeur est largement plus
courte que le photon lui-même. Alors comment fait l'espace intermédiaire
pour savoir quand se termine le photon pour qu'il ne transfère
qu'exactement un quantum de bouclage de Planck ?
La solution est connue-inconnue, ou prouvée-mais-majoritairement-
inconnue depuis les résultats de Schrödinger en 1926 : toute transition
entre un état stationnaire et un autre état stationnaire, ce dont
s'occupe la spectroscopie depuis le 19e siècle, réclame un quantum de
bouclage de Planck, h. De Broglie avait donné le secret dès 1924 :
l'onde de phase doit boucler exactement pour chaque électron autour du
noyau.
Tant que soit l'émetteur, soit l'absorbeur, soit tous deux font une
transition oscillante entre état final stationnaire et état initial
stationnaire, OK, le photon a transféré exactement h. Les choses
deviennent terribles quand l'émetteur n'a aucun moyen de quantiser ; par
exemple en rayonnement synchrotron, on chercherait en vain les états
stationnaires de l'électron émetteur, ou de l'interaction champ-
électron. Seuls les dispositifs absorbeurs, filtrants et monochromateurs
dans la ligne de lumière ont pouvoir de quantiser, et définir des
photons. Et il n'est pas prouvé qu'il y ait bien 100 % de quantisation ;
la seule chose que demande l'expérimentateur est que ce soit le cas sur
ce qu'il scrute, et il en a pris les moyens spectraux.
Nous avions déjà discuté ici d'autres cas qui semblent impossibles à
quantiser, par exemple à l'intérieur d'un tube cathodique.
Post by Michel TalonPost by jc_lavauZéro pertinence quand on traite de la capture d'un photon par une opsine
d'un cône rétinien.
Là c'est le contraire, on connaît la position mais que dire de la
vitesse? Et de fait l'activation d'un cône est un phénomène de mesure
macroscopique. Donc je ne vois pas de contradiction entre la position
orthodoxe (dualité onde corpuscule et indétermination position vitesse)
et la description que tu fais. J'ai toujours eu l'impression que tu te
donnes un mal infini pour décrire les choses autrement que dans la
version usuelle, mais cette description n'en diffère que par des
considérations purement subjectives, donc pas physiques. Le livre de
Heisenberg "Les principes physiques de la théorie des quanta" présente
de façon particulièrement cohérente et concrète la théorie orthodoxe.
Le cours de physique de Feynman présente à peu près les mêmes arguments.
Personnellement je les trouve satisfaisants.
En 1995, nos élèves devaient étudier un détecteur de CO dans une
atmosphère industrielle. Le principe en est spectral : une absorption
pointue à la fréquence 65,05 THz. Or la molécule absorbante a un grand
axe de 470 pm, soit des millions de fois plus petite que le photon
libre. Tu vas faire comment pour faire de cette molécule quelque chose
de macroscopique ? Afin d'activer le baratin automatisé : MA mesure crée
le phénomène, parce que MOI, MOI, et MOI, etc.
L'activation d'un cône rétinien ne devient un phénomène macroscopique
que par les étages d'amplification déclenchés par l'isomérisation d'un
cis-rétinal en trans-rétinal, qui se détache de la protéine opsine, ce
qui déclenche des cascades biochimiques*, dont une dizaine de sommations
en peu de temps peuvent aboutir à l'hyperpolarisation du cône,
interrompant le courant de repos, ce qui est détectable par un neurone.
Le cas des bâtonnets est plus simple à étudier, car on n'est pas loin du
rendement quantique unitaire : un photon absorbé par un cis-rétinal
aboutit à une hyperpolarisation. La rançon est que la régénération des
cis-rétinal pour réarmer la sensibilité prend environ une demi-heure.
La secte Göttingen København a remplacé toute la physique fine des
capteurs, et toute la biochimie fine des cellules photosensibles par des
slogans hâtifs, et injustifiables. Tout ce qui était demandé à ces
slogans étaient qu'ils biffent, et aident à oublier les oeuvres de
Schrödinger.
Motivation territoriale avant tout. Mario Bunge avait donné les critères
de discrimination entre science et pseudo-science : la pseudo-science se
fige dans son isolation loin de tous les résultats expérimentaux obtenus
ailleurs. La secte Göttingen-København et ses héritiers tournent en rond
dans un microscopique sous-ensemble de la physique expérimentale, et
méprisent tout le reste - vaste dénégation.
Extrait de l'encadré :
* La métaiodopsine active la transducine, une protéine du groupe G
[Groupe de protéines impliqués dans la réception de signaux extérieurs
(lumière, olfactif, etc.)], qui sert de médiateur de l'activation.
Celle-ci va entraîner l'activité de la phosphodiestérase, qui hydrolyse
le GMPc. La concentration en GMPc dans la cellule chute donc rapidement,
ce qui entraîne la fermeture rapide des canaux d'ions.
La fermeture des canaux d'ions entraîne une augmentation de la
résistance de la membrane cellulaire. Cela réduit voire coupe le courant
passant par le photorécepteur : ceci est une hyperpolarisation. Le
potentiel de récepteur passe d'une valeur de -40 mV à des valeurs
pouvant atteindre -80 mV, en raison d'une plus forte concentration en
cations dans le milieu extérieur.
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Le contrat social du scientifique inclut le mandat de se piloter
en exactitude : le système de production des connaissances,
il est présumé le piloter en exactitude et non en traditions, ni
en stratégies de pouvoir, ni en narcissisme, ni en corruption.