Discussion:
Pourquoi Aotourou ne parle pas français
(trop ancien pour répondre)
BéCé
2018-03-07 14:58:19 UTC
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Dans son "Voyage autour du monde 1766-1769" Bougainville témoigne de sa
circumnavigation, la première effectuée par un Français.

À Tahiti il embarque à son bord un jeune prince désireux de connaître la
France, Aotourou.
Aotourou restera 11 mois en France et s'y adaptera parfaitement après
avoir été présenté à Louis XV. Il aura beaucoup de succès auprès des
dames françaises friandes d'exotisme.
Mais il ne parvient pas à parler français.

Voilà ce qu’en pense Bougainville, homme d'entreprise et de culture.
C’est un peu long mais cela vaut la peine d'être lu.


Je n’ai épargné ni l’argent ni les soins pour lui rendre son séjour à
Paris agréable et utile. Il y est resté onze mois, pendant lesquels il
n’a témoigné aucun ennui.
L’empressement pour le voir a été vif, curiosité stérile qui n’a servi
presque qu’à donner des idées fausses à ces hommes persifleurs par état,
qui ne sont jamais sortis de la capitale, qui n’approfondissent rien et
qui, livrés à des erreurs de toute espèce, ne voient que d’après leurs
préjugés et décident cependant avec sévérité et sans appel.
Comment, par exemple, me disaient quelques-uns, dans le pays
de cet homme on ne parle ni français, ni anglais, ni espagnol
? Que pouvais-je répondre ? Ce n’était pas toutefois l’étonnement
d’une question pareille qui me rendait muet. J’y étais accoutumé,
puisque je savais qu’à mon arrivée plusieurs de ceux même qui passent
pour instruits soutenaient que je n’avais pas fait le tour du monde,
puisque je n’avais pas été en Chine. D’autres, aristarques (sic)
tranchants, prenaient et répandaient une fort mince idée du pauvre
insulaire, sur ce qu’après un séjour de deux ans avec des
Français il parlait à peine quelques mots de la langue. Ne
voyons-nous pas tous les jours, disaient-ils, des Italiens, des Anglais,
des Allemands, auxquels un séjour d’un an à Paris suffit pour apprendre
le français ?
J’aurais pu répondre peut-être, avec quelque fondement,
qu’indépendamment de l’obstacle physique que l’organe de cet
insulaire apportait à ce qu’il pût se rendre notre langue
familière, obstacle qui sera détaillé plus bas, cet homme avait
au moins trente ans, que jamais sa mémoire n’avait été exercée par
aucune étude, ni son esprit assujetti à aucun travail ; qu’à la vérité,
un Italien, un Anglais, un Allemand pouvaient en un an jargonner
passablement le français ; mais que ces étrangers avaient une grammaire
pareille à la nôtre, des idées morales, physiques, sociales, les mêmes
que les nôtres, et toutes exprimées par des mots dans leur langue
comme elles le sont dans la langue française ; qu’ainsi, ils n’avaient
qu’une traduction à confier à leur mémoire exercée dès l’enfance.
Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées relatives
d’une part à la société la plus simple et la plus bornée, de l’autre à
des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à créer,
pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un monde
d’idées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter les mots
de notre langue qui les expriment. Voilà peut-être ce que
j’aurais pu répondre, mais ce détail demandait quelques minutes,
et j’ai presque toujours remarqué qu’accablé de questions comme
je l’étais, quand je me disposais à y satisfaire, les personnes
qui m’en avaient honoré étaient déjà loin de moi. C’est qu’il est fort
commun dans les capitales de trouver des gens qui questionnent non en
curieux qui veulent s’instruire, mais en juges qui s’apprêtent à
prononcer : alors, qu’ils entendent la réponse ou ne l’entendent
point, ils n’en prononcent (intransitif) pas moins."
--
BéCé
www.bernardcordier.com
Michal
2018-03-07 16:00:36 UTC
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(Je réponds avec le genre inclusif)
Post by BéCé
Dans son "Voyage autour du monde 1766-1769" Bougainville témoigne de
sa circumnavigation, la première effectuée par un Français.
À Tahiti il embarque à son bord un jeune prince désireux de connaître
la France, Aotourou.
Aotourou restera 11 mois en France et s'y adaptera parfaitement après
avoir été présenté à Louis XV. Il aura beaucoup de succès auprès des
dames françaises friandes d'exotisme.
Mais il ne parvient pas à parler français.
Voilà ce qu’en pense Bougainville, homme d'entreprise et de culture.
C’est un peu long mais cela vaut la peine d'être lu.
Je n’ai épargné ni l’argent ni les soins pour lui rendre son séjour à
Paris agréable et utile. Il y est resté onze mois, pendant lesquels
il n’a témoigné aucun ennui.
L’empressement pour le voir a été vif, curiosité stérile qui n’a
servi presque qu’à donner des idées fausses à ces hommes persifleurs
par état, qui ne sont jamais sortis de la capitale, qui
n’approfondissent rien et qui, livrés à des erreurs de toute espèce,
ne voient que d’après leurs préjugés et décident cependant avec
sévérité et sans appel.
Comment, par exemple, me disaient quelques-uns, dans le pays
de cet homme on ne parle ni français, ni anglais, ni
espagnol ? Que pouvais-je répondre ? Ce n’était pas toutefois
l’étonnement d’une question pareille qui me rendait muet. J’y étais
accoutumé, puisque je savais qu’à mon arrivée plusieurs de ceux même
qui passent pour instruits soutenaient que je n’avais pas fait le
tour du monde, puisque je n’avais pas été en Chine. D’autres,
aristarques (sic) tranchants, prenaient et répandaient une fort mince
idée du pauvre insulaire, sur ce qu’après un séjour de deux ans
avec des Français il parlait à peine quelques mots de la
langue. Ne voyons-nous pas tous les jours, disaient-ils, des
Italiens, des Anglais,
des Allemands, auxquels un séjour d’un an à Paris suffit pour
apprendre le français ?
J’aurais pu répondre peut-être, avec quelque fondement,
qu’indépendamment de l’obstacle physique que l’organe de cet
insulaire apportait à ce qu’il pût se rendre notre langue
familière, obstacle qui sera détaillé plus bas, cet homme avait
au moins trente ans, que jamais sa mémoire n’avait été exercée par
aucune étude, ni son esprit assujetti à aucun travail ; qu’à la
vérité, un Italien, un Anglais, un Allemand pouvaient en un an
jargonner passablement le français ; mais que ces étrangers avaient
une grammaire pareille à la nôtre, des idées morales, physiques,
sociales, les mêmes que les nôtres, et toutes exprimées par des mots
dans leur langue
comme elles le sont dans la langue française ; qu’ainsi, ils
n’avaient qu’une traduction à confier à leur mémoire exercée dès
l’enfance.
Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées
relatives d’une part à la société la plus simple et la plus bornée,
de l’autre à des besoins réduits au plus petit nombre possible,
aurait eu à créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux
que son corps, un monde d’idées premières, avant que de pouvoir
parvenir à leur adapter les mots
de notre langue qui les expriment. Voilà peut-être ce que
j’aurais pu répondre, mais ce détail demandait quelques
minutes, et j’ai presque toujours remarqué qu’accablé de
questions comme je l’étais, quand je me disposais à y
satisfaire, les personnes qui m’en avaient honoré étaient déjà loin
de moi. C’est qu’il est fort
commun dans les capitales de trouver des gens qui questionnent non en
curieux qui veulent s’instruire, mais en juges qui s’apprêtent
à prononcer : alors, qu’ils entendent la réponse ou ne
l’entendent point, ils n’en prononcent (intransitif) pas moins."
Les voyages forment la sagesse. Bougainville était au-dessus de la
mêlée.
Merci pour ce texte.
--
Michal.
Musique et vins :
http://www.concertdelaloge.com/
http://quatuorcambiniparis.com/index.html
Pour (dé)lier les langues :
http://soifdailleurs.com/
gump
2018-03-07 18:24:12 UTC
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Jugement presque aussi sévère pour le Tahitien que pour les Parisiens.
Mais pour le Tahitien, c'est un jugement tout de même injuste et qui
repose sur des présupposés finalement racistes, comme on dirait
aujourd'hui. Je cite :

"Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées
relatives d’une part à la société la plus simple et la plus bornée, de
l’autre à des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à
créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un
monde d’idées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter
les mots de notre langue qui les expriment. "

Il y a du vrai, bien sûr, et Bougainville le pressent : apprendre une
langue c'est se couler dans des représentations du monde, des concepts,
qui nous sont étrangers. Il est plus facile pour un Français d'apprendre
une autre langue indo-européenne que le chinois ou le japonais.
BéCé
2018-03-07 19:28:10 UTC
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Post by gump
Jugement presque aussi sévère pour le Tahitien que pour les Parisiens.
Mais pour le Tahitien, c'est un jugement tout de même injuste et qui
repose sur des présupposés finalement racistes, comme on dirait
"Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées
relatives d’une part à la société la plus simple et la plus bornée, de
l’autre à des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à
créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un
monde d’idées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter
les mots de notre langue qui les expriment. "
Ce ne sont pas des présupposés mais des constats faits au contact des
Tahitiens. Ils mènent en effet un vie extrêmement simple où tout repose
sur des traditions transmises oralement et où tout ce qui "fait
société" se fait sans complexité.
Post by gump
Il y a du vrai, bien sûr, et Bougainville le pressent : apprendre une
langue c'est se couler dans des représentations du monde, des concepts,
qui nous sont étrangers. Il est plus facile pour un Français d'apprendre
une autre langue indo-européenne que le chinois ou le japonais.
--
BéCé
www.bernardcordier.com
Anansi
2018-03-07 19:40:02 UTC
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Post by BéCé
Post by gump
Jugement presque aussi sévère pour le Tahitien que pour les Parisiens.
Mais pour le Tahitien, c'est un jugement tout de même injuste et qui
repose sur des présupposés finalement racistes, comme on dirait
"Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées
relatives d’une part à la société la plus simple et la plus bornée, de
l’autre à des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à
créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un
monde d’idées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter
les mots de notre langue qui les expriment. "
Ce ne sont pas des présupposés mais des constats faits au contact des
Tahitiens. Ils mènent en effet un vie extrêmement simple où tout repose
sur des traditions transmises oralement et où tout ce qui "fait
société" se fait sans complexité.
C'est une société qu'il faut recommander à Harp, surtout si les mots
qu'ils emploient sont courts.
BéCé
2018-03-07 19:54:07 UTC
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Post by Anansi
Post by BéCé
Post by gump
Jugement presque aussi sévère pour le Tahitien que pour les Parisiens.
Mais pour le Tahitien, c'est un jugement tout de même injuste et qui
repose sur des présupposés finalement racistes, comme on dirait
"Le Tahitien, au contraire, n’ayant que le petit nombre d’idées
relatives d’une part à la société la plus simple et la plus bornée, de
l’autre à des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à
créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un
monde d’idées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter
les mots de notre langue qui les expriment. "
Ce ne sont pas des présupposés mais des constats faits au contact des
Tahitiens. Ils mènent en effet un vie extrêmement simple où tout repose
sur des traditions transmises oralement et où tout ce qui "fait
société" se fait sans complexité.
C'est une société qu'il faut recommander à Harp, surtout si les mots
qu'ils emploient sont courts.
Harp ? Ah oui, Kevin Harp.
--
BéCé
www.bernardcordier.com
gump
2018-03-07 20:03:41 UTC
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Post by BéCé
Ce ne sont pas des présupposés mais des constats faits au contact des
Tahitiens. Ils mènent en effet un vie extrêmement simple où tout repose
sur des traditions transmises oralement et où tout ce qui "fait société"
se fait sans complexité.
Vision occidentale, je crois. Si vous leur mettez dans les mains un
smartphone ou un ordinateur, vous les verrez clavioter à belle allure.
"Ils mènent en effet un vie extrêmement simple", dites vous.
Pourriez-vous définir ce qu'est "une vie extrêmement simple" ?
BéCé
2018-03-07 20:25:34 UTC
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Post by gump
Post by BéCé
Ce ne sont pas des présupposés mais des constats faits au contact des
Tahitiens. Ils mènent en effet un vie extrêmement simple où tout repose
sur des traditions transmises oralement et où tout ce qui "fait société"
se fait sans complexité.
Vision occidentale, je crois. Si vous leur mettez dans les mains un
smartphone ou un ordinateur, vous les verrez clavioter à belle allure.
Il ne s'agit évidemment pas des potentialités des individus.
Post by gump
"Ils mènent en effet un vie extrêmement simple", dites vous.
Pourriez-vous définir ce qu'est "une vie extrêmement simple" ?
Très facilement :

agriculture simple, en fait beaucoup de cueillette,
élevage simple, poules et cochons laissés en liberté,
artisanat simple, technologie très peu développée (outils simples :
pierres et coquillages taillés)
politique simple: chef et quelques sous-chefs, tous héréditaires,
droit simple : soumission au chef, quelques interdits
guerre simple : boum sur la tête, t'es mort
religion simple : animisme, sacrifices humains

sexualité sympa, aucune projection dans l'avenir, aliments sains en
abondance, climat agréable : la vie simple.
--
BéCé
www.bernardcordier.com
gump
2018-03-07 20:35:56 UTC
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Post by BéCé
agriculture simple, en fait beaucoup de cueillette,
élevage simple, poules et cochons laissés en liberté,
pierres et coquillages taillés)
politique simple: chef et quelques sous-chefs, tous héréditaires,
droit simple : soumission au chef, quelques interdits
guerre simple : boum sur la tête, t'es mort
religion simple : animisme, sacrifices humains
sexualité sympa, aucune projection dans l'avenir, aliments sains en
abondance, climat agréable : la vie simple.
Mouais ...très Rousseauiste, tout ça. Vous confondez sans doute vie
simple avec civilisation pré-industrielle.
Lanarcam
2018-03-07 22:04:20 UTC
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Post by gump
Post by BéCé
agriculture simple, en fait beaucoup de cueillette,
élevage simple, poules et cochons laissés en liberté,
pierres et coquillages taillés)
politique simple: chef et quelques sous-chefs, tous héréditaires,
droit simple : soumission au chef, quelques interdits
guerre simple : boum sur la tête, t'es mort
religion simple : animisme, sacrifices humains
sexualité sympa, aucune projection dans l'avenir, aliments sains en
abondance, climat agréable : la vie simple.
Mouais ...très Rousseauiste, tout ça. Vous confondez sans doute vie
simple avec civilisation pré-industrielle.
L'industrie du Néolithique ?
Michele
2018-03-08 03:02:58 UTC
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Post by Lanarcam
Post by gump
Post by BéCé
agriculture simple, en fait beaucoup de cueillette,
élevage simple, poules et cochons laissés en liberté,
pierres et coquillages taillés)
politique simple: chef et quelques sous-chefs, tous héréditaires,
droit simple : soumission au chef, quelques interdits
guerre simple : boum sur la tête, t'es mort
religion simple : animisme, sacrifices humains
sexualité sympa, aucune projection dans l'avenir, aliments sains en
abondance, climat agréable : la vie simple.
Mouais ...très Rousseauiste, tout ça. Vous confondez sans doute vie
simple avec civilisation pré-industrielle.
L'industrie du Néolithique ?
Industrie simple ?😀
--
Michèle
BéCé
2018-03-08 09:16:49 UTC
Permalink
Post by gump
Post by BéCé
agriculture simple, en fait beaucoup de cueillette,
élevage simple, poules et cochons laissés en liberté,
pierres et coquillages taillés)
politique simple: chef et quelques sous-chefs, tous héréditaires,
droit simple : soumission au chef, quelques interdits
guerre simple : boum sur la tête, t'es mort
religion simple : animisme, sacrifices humains
sexualité sympa, aucune projection dans l'avenir, aliments sains en
abondance, climat agréable : la vie simple.
Mouais ...très Rousseauiste, tout ça. Vous confondez sans doute vie
simple avec civilisation pré-industrielle.
Rien de rousseauiste là-dedans mais des constats. Bougainville ne juge
pas, n'envie pas non plus, ni ne s'illusionne.
C'est le mot simple qui vous embête. Simple est ici le contraire de
complexe.
La vie politico-juridique sous Louis XV est complexe. L'industrie est
complexe. La technologie est complexe.
Les pirogues des "Indiens" sont simples ; la Boudeuse est une machine
d'une extrême complexité :
https://lc.cx/ArhD

Avez-vous le cerveau trop complexe pour entendre le mot "simple" ;-)
--
BéCé
www.bernardcordier.com
RVG
2018-03-08 23:51:15 UTC
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Post by gump
Jugement presque aussi sévère pour le Tahitien que pour les Parisiens.
Mais pour le Tahitien, c'est un jugement tout de même injuste et qui
repose sur des présupposés finalement racistes, comme on dirait
"Le Tahitien, au contraire, nayant que le petit nombre didées
relatives dune part à la société la plus simple et la plus bornée, de
lautre à des besoins réduits au plus petit nombre possible, aurait eu à
créer, pour ainsi dire, dans un esprit aussi paresseux que son corps, un
monde didées premières, avant que de pouvoir parvenir à leur adapter
les mots de notre langue qui les expriment. "
Il y a du vrai, bien sûr, et Bougainville le pressent : apprendre une
langue c'est se couler dans des représentations du monde, des concepts,
qui nous sont étrangers. Il est plus facile pour un Français d'apprendre
une autre langue indo-européenne que le chinois ou le japonais.
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne : ses origines familiales, la forme de sa pratique
religieuse, etc. Toutes choses qui ne se laissent pas volontiers
traduire dans un simple flux de paroles.
--
« Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de
ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.»
Blaise Pascal (1623-1662 - Pensée, B139, Divertissement)


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http://usenet.sinaapp.com/
Chico T
2018-03-09 10:16:47 UTC
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Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Michele
2018-03-09 10:56:33 UTC
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Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Il y a aussi le langage des fleurs. D’un côté pour une femme mariée, par
exemple
--
Michèle
Chico T
2018-03-09 11:19:27 UTC
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Post by Michele
Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Il y a aussi le langage des fleurs. D’un côté pour une femme mariée, par
exemple
Oui, mais j'aime mieux l'idée d'emprunter un être humain à la
bibliothèque pour le lire. Où mettre son marque-pages, ce serait ça le
problème. ;-)
BéCé
2018-03-09 11:21:30 UTC
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Post by Chico T
Post by Michele
Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Il y a aussi le langage des fleurs. D’un côté pour une femme mariée, par
exemple
Oui, mais j'aime mieux l'idée d'emprunter un être humain à la
bibliothèque pour le lire. Où mettre son marque-pages, ce serait ça le
problème. ;-)
La réponse classique est "où je pense" ce qui signifie précisément "où
tu penses" :o)
--
BéCé
www.bernardcordier.com
Michele
2018-03-09 12:16:22 UTC
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Post by Chico T
Oui, mais j'aime mieux l'idée d'emprunter un être humain à la
bibliothèque pour le lire. Où mettre son marque-pages, ce serait ça le
problème. ;-)
Ha ha ha !
--
Michèle
Anansi
2018-03-09 17:20:35 UTC
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Post by Chico T
Post by Michele
Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Il y a aussi le langage des fleurs. D’un côté pour une femme mariée, par
exemple
Oui, mais j'aime mieux l'idée d'emprunter un être humain à la
bibliothèque pour le lire. Où mettre son marque-pages, ce serait ça le
problème. ;-)
Henri III savait précisément où mettre son marque-page et pourtant il
aimait bien les sauter.
BéCé
2018-03-09 18:34:04 UTC
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Post by Anansi
Post by Chico T
Post by Michele
Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Il y a aussi le langage des fleurs. D’un côté pour une femme mariée, par
exemple
Oui, mais j'aime mieux l'idée d'emprunter un être humain à la
bibliothèque pour le lire. Où mettre son marque-pages, ce serait ça le
problème. ;-)
Henri III savait précisément où mettre son marque-page et pourtant il
aimait bien les sauter.
Pas la boule tout de même !
Ah oui la tige plutôt, avec ses courtisans, façon gangbang, à la queue
leu-leu.


(vidéo explicite)
--
BéCé
www.bernardcordier.com
gump
2018-03-09 23:17:46 UTC
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Post by Anansi
Henri III savait précisément où mettre son marque-page et pourtant il
aimait bien les sauter.
C'est mignon.
RVG
2018-03-10 03:43:01 UTC
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Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Avec les actes notariés: X fils d'untel (tatouage représentant le clan),
décédé (on va indiquer par un autre signe que X est le dernier
représentant de sa lignée et qu'il en a reçu l'héritage), etc.
--
Ne soyez jamais rentables !

https://www.jamendo.com/artist/336871/regis-v-gronoff/albums
http://bluedusk.blogspot.fr/
http://soundcloud.com/rvgronoff
http://www.toutelapoesie.com/salons/user/18908-guillaume-daquile/
Chico T
2018-03-10 07:51:52 UTC
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Post by RVG
Post by Chico T
Post by RVG
Ce que Bougainville semble ignorer c'est la culture des tatouages
chez les Polynésiens. Ceux-ci constituent une sorte de second
langage, imagé et symbolique, qui fait du corps une sorte
d'architecture manifestant tout un ensemble de récits sur la
personne [...]
C'est du parchemin vivant, quoi.
Avec les actes notariés: X fils d'untel (tatouage représentant le clan),
décédé (on va indiquer par un autre signe que X est le dernier
représentant de sa lignée et qu'il en a reçu l'héritage), etc.
Ma peau c'est mon passeport... acte de naissance, de mariage, quartiers
de noblesse.... Il faut être gros pour avoir un grand arbre généalogique
ou se permettre la polygamie. ;-)

Chico T
2018-03-09 10:13:35 UTC
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[...] apprendre une
langue c'est se couler dans des représentations du monde, des concepts,
qui nous sont étrangers. [...]
C'est bien dit. :-)
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