Cardinal de Hère
2019-07-10 22:45:07 UTC
La France aurait violé l'embargo, qui date de 2011, sur la livraison
d'armes à des Libyens. Des missiles américains appartenant à l'armée
française ont en effet été retrouvés entre les mains des rebelles du
maréchal Haftar.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/10/libye-des-missiles-appartenant-a-la-france-aux-mains-des-forces-antigouvernementales_5487736_3212.html>
Libye : des missiles de l’armée française retrouvés sur une base de
combattants pro-Haftar
Le ministère des armées, qui confirme l’origine des armes antichars
saisies aux mains des forces antigouvernementales libyennes, nie avoir
enfreint l’embargo en vigueur dans le pays depuis 2011.
Comment des missiles français de fabrication américaine ont-ils pu être
retrouvés dans une base des forces du maréchal Haftar, le chef des
forces antigouvernementales en Libye ? Dans une enquête publiée dans son
édition du mardi 9 juillet, le New York Times a révélé que ces quatre
armes antichars de type Javelin avaient bien été achetées par la France
aux Etats-Unis, ce que le ministère français des armées a reconnu. D’un
coût de 170 000 dollars l’unité, ces missiles ont été saisis fin juin
par les forces fidèles au gouvernement de Tripoli, soutenu par les
Nations unies, dans une base abandonnée des combattants pro-Haftar dans
la ville de Gharian.
Les missiles « appartiennent effectivement aux armées françaises, qui
les avaient achetés aux Etats-Unis. Nous l’avons confirmé à nos
partenaires américains », a déclaré le ministère des armées. Paris nie
pourtant avoir enfreint l’embargo sur les armes qui concerne la Libye.
Selon le ministère, ces armes étaient destinées à « l’autoprotection
d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière
de contre-terrorisme ». Selon Paris, elles seraient « endommagées et
hors d’usage » et auraient été « temporairement stockées dans un dépôt
en vue de leur destruction ». Paris nie qu’elles ont été transférées à
des forces locales : « Il n’a jamais été question ni de vendre, ni de
céder, ni de prêter ou de transférer ces munitions à quiconque en Libye ».
Missiles vendus à la France en 2010
Toutefois, la proximité de la France avec le maréchal Haftar est connue.
Elle s’est notamment manifestée par l’aide apportée par Paris au chef
militaire lors de la prise de Benghazi, son fief actuel. En 2016, trois
militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est
libyen. La France a aussi reconnu avoir apporté du renseignement au
maréchal Haftar dans la lutte antidjihadistes dans l’est et le sud du
pays mais a démenti tout soutien militaire dans son offensive contre
Tripoli. Selon le New York Times, la réaction française laisse « de
nombreuses questions sans réponse ». En effet, les forces spéciales
françaises en Libye sont basées pour l’essentiel dans l’est du pays, où
Haftar domine, et pas dans l’Ouest, où il mène son offensive contre la
capitale depuis le printemps. Par ailleurs, les déclarations du
ministère des armées ne disent pas non plus pourquoi ces munitions,
stockées dans un pays en guerre, n’ont pas été rapidement détruites.
La découverte de ces armes de fabrication américaine à Gharian a
immédiatement déclenché une enquête à Washington, qui vise à comprendre
comment elles ont pu atteindre un pays vers lequel les exportations
d’armes sont théoriquement formellement interdites depuis 2011.
Initialement ces armes ont été soupçonnées d’appartenir aux Emirats
arabes unis, qui avaient fermement démenti. Selon le New York Times, le
département d’Etat américain a conclu que les missiles Javelin « avaient
été originellement vendus à la France » en se fondant notamment sur «
leurs numéros de série ». Paris avait acheté aux Etats-Unis quelque 260
missiles Javelin en 2010, selon l’Agence de coopération de sécurité et
de défense du Pentagone, citée par le New York Times.
1 000 morts en trois mois
En dépit de l’embargo, des livraisons d’armements sont signalées de tous
côtés depuis trois mois en Libye, faisant peser la menace d’une guerre
par procuration entre puissances régionales. Fayez Al-Sarraj, le chef du
gouvernement de Tripoli, soutenu par les Nations unies, est notamment
appuyé par la Turquie et le Qatar. Khalifa Haftar bénéficie, lui, du
soutien de l’Egypte et des Emirats arabes unis et d’un appui, au moins
politique, des Etats-Unis et de la Russie.
Des experts des Nations unies enquêtent aussi sur une possible
implication militaire des Emirats en Libye, après des tirs de missiles
air-sol Blue Arrow en avril avec des drones Wing Loong de fabrication
chinoise équipant l’armée émiratie. Parallèlement, en mai, le
gouvernement d’union nationale a publié des photos de dizaines de
blindés turcs sur le quai du port de Tripoli. En trois mois de combats,
environ 1 000 personnes, dont des dizaines de migrants, ont été tuées en
Libye.
d'armes à des Libyens. Des missiles américains appartenant à l'armée
française ont en effet été retrouvés entre les mains des rebelles du
maréchal Haftar.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/10/libye-des-missiles-appartenant-a-la-france-aux-mains-des-forces-antigouvernementales_5487736_3212.html>
Libye : des missiles de l’armée française retrouvés sur une base de
combattants pro-Haftar
Le ministère des armées, qui confirme l’origine des armes antichars
saisies aux mains des forces antigouvernementales libyennes, nie avoir
enfreint l’embargo en vigueur dans le pays depuis 2011.
Comment des missiles français de fabrication américaine ont-ils pu être
retrouvés dans une base des forces du maréchal Haftar, le chef des
forces antigouvernementales en Libye ? Dans une enquête publiée dans son
édition du mardi 9 juillet, le New York Times a révélé que ces quatre
armes antichars de type Javelin avaient bien été achetées par la France
aux Etats-Unis, ce que le ministère français des armées a reconnu. D’un
coût de 170 000 dollars l’unité, ces missiles ont été saisis fin juin
par les forces fidèles au gouvernement de Tripoli, soutenu par les
Nations unies, dans une base abandonnée des combattants pro-Haftar dans
la ville de Gharian.
Les missiles « appartiennent effectivement aux armées françaises, qui
les avaient achetés aux Etats-Unis. Nous l’avons confirmé à nos
partenaires américains », a déclaré le ministère des armées. Paris nie
pourtant avoir enfreint l’embargo sur les armes qui concerne la Libye.
Selon le ministère, ces armes étaient destinées à « l’autoprotection
d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière
de contre-terrorisme ». Selon Paris, elles seraient « endommagées et
hors d’usage » et auraient été « temporairement stockées dans un dépôt
en vue de leur destruction ». Paris nie qu’elles ont été transférées à
des forces locales : « Il n’a jamais été question ni de vendre, ni de
céder, ni de prêter ou de transférer ces munitions à quiconque en Libye ».
Missiles vendus à la France en 2010
Toutefois, la proximité de la France avec le maréchal Haftar est connue.
Elle s’est notamment manifestée par l’aide apportée par Paris au chef
militaire lors de la prise de Benghazi, son fief actuel. En 2016, trois
militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est
libyen. La France a aussi reconnu avoir apporté du renseignement au
maréchal Haftar dans la lutte antidjihadistes dans l’est et le sud du
pays mais a démenti tout soutien militaire dans son offensive contre
Tripoli. Selon le New York Times, la réaction française laisse « de
nombreuses questions sans réponse ». En effet, les forces spéciales
françaises en Libye sont basées pour l’essentiel dans l’est du pays, où
Haftar domine, et pas dans l’Ouest, où il mène son offensive contre la
capitale depuis le printemps. Par ailleurs, les déclarations du
ministère des armées ne disent pas non plus pourquoi ces munitions,
stockées dans un pays en guerre, n’ont pas été rapidement détruites.
La découverte de ces armes de fabrication américaine à Gharian a
immédiatement déclenché une enquête à Washington, qui vise à comprendre
comment elles ont pu atteindre un pays vers lequel les exportations
d’armes sont théoriquement formellement interdites depuis 2011.
Initialement ces armes ont été soupçonnées d’appartenir aux Emirats
arabes unis, qui avaient fermement démenti. Selon le New York Times, le
département d’Etat américain a conclu que les missiles Javelin « avaient
été originellement vendus à la France » en se fondant notamment sur «
leurs numéros de série ». Paris avait acheté aux Etats-Unis quelque 260
missiles Javelin en 2010, selon l’Agence de coopération de sécurité et
de défense du Pentagone, citée par le New York Times.
1 000 morts en trois mois
En dépit de l’embargo, des livraisons d’armements sont signalées de tous
côtés depuis trois mois en Libye, faisant peser la menace d’une guerre
par procuration entre puissances régionales. Fayez Al-Sarraj, le chef du
gouvernement de Tripoli, soutenu par les Nations unies, est notamment
appuyé par la Turquie et le Qatar. Khalifa Haftar bénéficie, lui, du
soutien de l’Egypte et des Emirats arabes unis et d’un appui, au moins
politique, des Etats-Unis et de la Russie.
Des experts des Nations unies enquêtent aussi sur une possible
implication militaire des Emirats en Libye, après des tirs de missiles
air-sol Blue Arrow en avril avec des drones Wing Loong de fabrication
chinoise équipant l’armée émiratie. Parallèlement, en mai, le
gouvernement d’union nationale a publié des photos de dizaines de
blindés turcs sur le quai du port de Tripoli. En trois mois de combats,
environ 1 000 personnes, dont des dizaines de migrants, ont été tuées en
Libye.