Discussion:
Le troisième sexe des mots
(trop ancien pour répondre)
joye
2021-02-22 23:16:41 UTC
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§

En effet, quoi de plus représentatif, de plus symbolique, que
l’emploi de termes sexistes et l’utilisation d’une construction
grammaticale sexiste dans chacun de nos mots et chacune de nos phrases ?

Dans chacune des idées que l’on souhaite véhiculer et dans
tout message que l’on désire faire passer ? Selon Yaguello (1987 : 8),
la langue est un « miroir culturel, qui fixe les représentations
symboliques, et se fait l’écho des préjugés et des stéréotypes,
en même temps qu’il alimente et entretient ceux-ci ». Et ce qui occulte
la perception des différences dans notre domaine linguistique, c’est la
familiarité, l’absence de recul. Habitué∙es à parler notre langue depuis
la naissance, nous n’avons pas conscience des phénomènes
d’invisibilisation des femmes et de leur dévalorisation. Dans cette
analyse, nous allons mettre en lumière ces « petites règles » et
particularités sémantiques qui contribuent au sexisme ambiant.

Ce dernier s’incruste dans les moindres interstices de la langue
française : à travers son fonctionnement, sa grammaire (absorption du
féminin par le masculin), ses dissymétries sémantiques (inégalité de
sens entre un mot masculin et son pendant féminin), son mépris pour les
femmes (voir la pléiade de qualificatifs injurieux servant à désigner
les femmes), son identification sociale des femmes (définies par le père
ou le mari) et à travers les dictionnaires enfin, parsemés deci de-là de
citations sexistes dévalorisant les femmes (Yaguello, 1987).

§

http://www.femmesprevoyantes.be/wp-content/uploads/2017/04/Analyse2017-sexisme-langue-francaise.pdf
Valcarus
2021-02-23 08:24:34 UTC
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Post by joye
En effet, quoi de plus représentatif, de plus symbolique, que
l’emploi de termes sexistes et l’utilisation d’une construction grammaticale
sexiste dans chacun de nos mots et chacune de nos phrases ?
Dans chacune des idées que l’on souhaite véhiculer et dans
tout message que l’on désire faire passer ? Selon Yaguello (1987 : 8), la
langue est un « miroir culturel, qui fixe les représentations symboliques, et
se fait l’écho des préjugés et des stéréotypes,
en même temps qu’il alimente et entretient ceux-ci ». Et ce qui occulte la
perception des différences dans notre domaine linguistique, c’est la
familiarité, l’absence de recul. Habitué∙es à parler notre langue depuis la
naissance, nous n’avons pas conscience des phénomènes d’invisibilisation des
femmes et de leur dévalorisation. Dans cette analyse, nous allons mettre en
lumière ces « petites règles » et particularités sémantiques qui contribuent
au sexisme ambiant.
à travers son fonctionnement, sa grammaire (absorption du féminin par le
masculin), ses dissymétries sémantiques (inégalité de sens entre un mot
masculin et son pendant féminin), son mépris pour les
femmes (voir la pléiade de qualificatifs injurieux servant à désigner les
femmes), son identification sociale des femmes (définies par le père ou le
mari) et à travers les dictionnaires enfin, parsemés deci de-là de citations
sexistes dévalorisant les femmes (Yaguello, 1987).
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées
sur le sexe.

Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).

Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.

C'est prouvé, c'est scientifique.
siger
2021-02-23 10:05:43 UTC
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À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées sur
le sexe.
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
--
siger
Le Pépé à chaines
2021-02-23 12:30:42 UTC
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Post by siger
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Der Mann
Die Frau
Das Mädchen

Ce neutre s'explique par la terminaison...
joye
2021-02-23 14:28:32 UTC
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Post by Le Pépé à chaines
Post by siger
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une
langue qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Der Mann
Die Frau
Das Mädchen
    Ce neutre s'explique par la terminaison...
Ton exemple n'épaule pas ce que dit siger (bien qu'il ait raison), mais
l'idée qu'une fille n'a pas droit au féminin (car toujours impubère,
sans doute) tombe exactement dans le mille du sexisme éhonté des langues
(l'allemand, dans ce cas-ci).
Le Pépé à chaines
2021-02-23 22:03:26 UTC
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Post by joye
Post by Le Pépé à chaines
Post by siger
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une
langue qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Der Mann
Die Frau
Das Mädchen
     Ce neutre s'explique par la terminaison...
Ton exemple n'épaule pas ce que dit siger (bien qu'il ait raison), mais
l'idée qu'une fille n'a pas droit au féminin (car toujours impubère,
sans doute) tombe exactement dans le mille du sexisme éhonté des langues
(l'allemand, dans ce cas-ci).
Et les deux pieds dans le plat. Et merci aussi pour les éclaboussures.
Heureusement que j'avais indiqué que le neutre s'explique par la
terminaison "-chen".
Il se trouve qu'en allemand, il y a "der Kind" et "das Kindchen".
S'agit-il là aussi de sexisme éhonté ? Ou veux-tu aussi imposer en
allemand "der Kindchen" et "die Kindchen" ?
Le Pépé à chaines
2021-02-24 18:05:30 UTC
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    Il se trouve qu'en allemand, il y a "der Kind" et "das Kindchen".
C'est plutôt "DAS Kind". C'est déjà du neutre.
S'agit-il là aussi de sexisme éhonté ? Ou veux-tu aussi imposer en
allemand "der Kindchen" et "die Kindchen" ?
Christian Weisgerber
2021-02-26 19:10:26 UTC
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Post by Le Pépé à chaines
    Il se trouve qu'en allemand, il y a "der Kind" et "das Kindchen".
C'est plutôt "DAS Kind". C'est déjà du neutre.
Là, il y a un schéma :

das Kalb (veau)
das Fohlen (poulain)
das Lamm (agneau)
das Ferkel (porcelet)
etc.

C'était le même en vieil anglais et les autres langues germaniques.
--
Christian "naddy" Weisgerber ***@mips.inka.de
Christian Weisgerber
2021-02-26 19:06:49 UTC
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Post by joye
Post by Le Pépé à chaines
Der Mann
Die Frau
Das Mädchen
    Ce neutre s'explique par la terminaison...
Ton exemple n'épaule pas ce que dit siger (bien qu'il ait raison), mais
l'idée qu'une fille n'a pas droit au féminin (car toujours impubère,
sans doute) tombe exactement dans le mille du sexisme éhonté des langues
(l'allemand, dans ce cas-ci).
Fait curieux : En luxembourgeois, toutes les femmes et filles sont
mises au genre neutre. C'est très évident parce que cette langue
met aussi des articles devant les noms de personne.

Je l'ai remarqué quand je regardait la série luxembourgeoise
_Capitani_ sur Netflix. Wikipédia confirme cette particularité
grammaticale.

Bien sûr, le vieux mot germanique pour femme est aussi un neutre :
allemand « Weib », vieil anglais « wīf »
--
Christian "naddy" Weisgerber ***@mips.inka.de
Le Pépé à chaines
2021-02-26 19:46:01 UTC
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Post by Christian Weisgerber
Fait curieux : En luxembourgeois, toutes les femmes et filles sont
mises au genre neutre. C'est très évident parce que cette langue
met aussi des articles devant les noms de personne.
Ce fait curieux me fait penser qu'en grec ancien, il y a deux mots pour
dire "l'enfant" : l'un au neutre, παιδίον,ου (τὸ), l'autre au masculin
ou au féminin (seul l'article change), παῖς, παιδός (ὁ, ἡ).
joye
2021-02-23 14:26:17 UTC
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Post by siger
Post by Valcarus
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions
fondées sur le sexe.
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Exact.

En plus, la brutalité (tiens, encore un mot féminin qui a une
connotation négative) n'a vraiment rien à voir avec le sexisme.
pehache
2021-02-23 15:12:21 UTC
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Post by siger
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées sur
le sexe.
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Ce qui, du coup, relativise pas mal l'intérêt qu'il peut y avoir à
modifier la langue vers des formes plus inclusives.
Anansi
2021-02-23 17:16:30 UTC
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Post by pehache
Post by siger
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées sur
le sexe.
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Ce qui, du coup, relativise pas mal l'intérêt qu'il peut y avoir à
modifier la langue vers des formes plus inclusives.
D'autant que les affirmations de Valcarus sont entièrement fausses. Par
exemple la société nigériane est bien plus sexiste que la société
ivoirienne, non pas à cause de la langue, mais parce qu'elle est
patriarcale et religieuse.
Valcarus
2021-02-23 21:36:47 UTC
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Post by Anansi
Post by pehache
Post by siger
Post by Valcarus
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées
sur le sexe.
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Sauf erreur, personne n'a osé prétendre que ceux qui parlent une langue
qui intègre un neutre sont moins sexistes que les autres.
Ce qui, du coup, relativise pas mal l'intérêt qu'il peut y avoir à
modifier la langue vers des formes plus inclusives.
D'autant que les affirmations de Valcarus sont entièrement fausses. Par
exemple la société nigériane est bien plus sexiste que la société
ivoirienne, non pas à cause de la langue, mais parce qu'elle est
patriarcale et religieuse.
Lisez "le second degré pour les nuls", mon ami. Ça vous détendra.
Anansi
2021-02-23 21:59:43 UTC
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Post by Valcarus
Lisez "le second degré pour les nuls", mon ami. Ça vous détendra.
Ça doit être encore trop compliqué pour vous.
joye
2021-02-23 14:23:35 UTC
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Post by Valcarus
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées
sur le sexe.
Qu'en savez-vous ? Vous n'êtes ni femme ni anglophone.

Quelques renseignements sérieux là-dessus :

http://www.tribune242.com/news/2016/mar/10/how-sexist-english-language/

https://voiceofsalam.com/2018/02/11/10-examples-of-everyday-sexism-in-the-english-language/

https://www.researchgate.net/publication/227040305_Understanding_Subtle_Sexism_Detection_and_Use_of_Sexist_Language
Post by Valcarus
Et force est de reconnaître que les gens du Nigéria (anglophone) sont
beaucoup moins sexistes que ceux de la Côte d'Ivoire (francophone).
Vous avez la grippe, moi un rhume. Peut-on dire que nous ne sommes pas
tous les deux malades ?
Post by Valcarus
Je dirais même plus: les gars anglophones du Nouveau Brunswick battent
beaucoup moins leurs femmes que ne le font leurs voisins francophones.
C'est prouvé, c'est scientifique.
Battre quelqu'un (physiquement ou verbalement) n'est rien sexiste, c'est
sadique.

Mauvaise comparaison, changer de comparaison.
Valcarus
2021-02-23 21:51:12 UTC
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Post by joye
À part he/she, la langue anglaise ne fait guère de distinctions fondées sur
le sexe.
Qu'en savez-vous ? Vous n'êtes ni femme ni anglophone.
Attention, vous faites de la discrimination.
Post by joye
http://www.tribune242.com/news/2016/mar/10/how-sexist-english-language/
https://voiceofsalam.com/2018/02/11/10-examples-of-everyday-sexism-in-the-english-language/
https://www.researchgate.net/publication/227040305_Understanding_Subtle_Sexism_Detection_and_Use_of_Sexist_Language
Rien à voir. Ce n'est pas structurellement l'anglais qui fait dire "man
power" plutôt que "human power", c'est celui qui s'exprime et il en
ferait de même dans n'importe quelle langue.

Même si vous êtes une femme doublée d'une anglophone, vous avez très
bien compris ce que je voulais dire: l'anglais n'accorde pas les
adjectifs et ne propose quasiment pas d'articles ni de pronoms
"genrés". Cette langue ne permet pas les polémiques liées à l'écriture
inclusive que les féministes du monde entier nous envient. Pauvres
d'eux.
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