Post by Cardinal de Hère « Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne
sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi » (Luc 19, 27).
Tu confonds deux choses.
La première c'est entrer en rivalité contre quelqu'un, que ce soit pour
un bien matériel, un territoire, un animal, une femme, un homme, une
querelle de prestige. Et le Christ propose de renoncer à ce genre de
rivalité et de ne pas répondre à l'agression par l'agression. Il
propose, il n'impose pas. L'homme reste libre de pratiquer la loi du
talion ou la nouvelle programmation proposée par Jésus.
La seconde consiste justement à s'opposer aux anciennes programmations
comme la loi du talion afin de proposer les nouvelles. Et cette action
crée une division au sein de l'humanité. La plus grande partie de
l'humanité est attachée à ses lois parfois criminelles et iniques,
parfois égoïstes et bassement matérialistes. Et elle voit d'un très
mauvais oeil la prédication des nouvelles lois du Royaume des Cieux.
L'avare préfèrera garder son argent plutôt que soulager la misère des
nécessiteux, le riche préfèrera se pavaner dans de beaux atours plutôt
que partager avec les miséreux, le violent préfèrera intimider, frapper,
blesser ou tuer son prochain plutôt que de vivre en harmonie avec lui,
etc. Ces nouvelles lois dérangent l'humanité ancienne. Elles lui font
horreur. Et l'humanité ancienne entre en rébellion violente contre les
lois que Dieu lui propose.
Une dernière chose. Luc 19.27 est la conclusion du fameux mâshâl des
mines que j'ai souvent commenté sur le forum. Je publie à nouveau ce
commentaire dans un message accolé à celui-ci. Je regrette de devoir le
dire mais les athées dans ton genre n'ont aucune imagination. Vous
répétez sans cesse les mêmes accusations qui tombent à plat et vous
n'apprenez jamais. Ce qui prouve bien que le Christ avait raison : il a
apporté la division au sein de l'humanité et elle se poursuit
aujourd'hui encore, presque 2000 ans après sa prédication sur terre ! Et
cela continuera pendant des milliers voire des dizaines de milliers
d'années ! :-D
Voici donc l'interprétation du mâschâl des mines d'abord par le plus
grand penseur chrétien depuis Saint Thomas d'Aquin, Claude Tresmontant,
puis par ma très modeste personne.
https://groups.google.com/forum/?hl=fr&fromgroups=#!topic/fr.soc.politique/RYOa_A-J0Pk
La parabole des mines
Ne trouvant aucune trace de haine, de vengeance, de mépris, d'incitation
ou d'autorisation à la violence dans les propos de celui qui nous donne
comme commandements divins de pardonner les offenses et les crimes
subis, de répondre au mal et à la méchanceté par le bien, la paix,
l'amour et le refus de la violence, d'aimer nos ennemis et de prier pour
eux, certaines personnes malveillantes tentent de manière récurrente de
faire passer la parabole des mines pour un appel au meurtre, une
incitation à la violence, une autorisation à la guerre sainte. Ont-ils
raison, ceux qui font de la parabole des mines une prescription de la
violence à la manière de celles de l'ancien testament (prescriptions
limitées dans le temps et l'espace : celui de l'installation des Hébreux
en Canaan) ou du coran (prescriptions absolues, valables en tous temps
et tous lieux) ? C'est ce que nous allons tenter de découvrir en
utilisant les analyses de l'un des plus grands penseurs chrétiens de
tous les temps, Claude Tresmontant.
Le passage qu'invoquent les athées, les libéraux, les musulmans est la
fin d'une parabole qui débute en Luc 19.11 et se termine en Luc 19.28.
La TOB surtitre : Parabole du prince qui va se faire investir : les
mines. La bible de Jérusalem surtitre : parabole des mines. Les deux
renvoient également à Matthieu 25.14-30, un passage surtitré "les
talents" dans la TOB et "parabole des talents" dans la bible de Jérusalem.
Voici la parabole des mines dans la bible de Jérusalem :
Luc 19.11-28
11 Comme les gens écoutaient cela, il dit encore une parabole, parce
qu'il était près de Jérusalem, et qu'on pensait que le Royaume de Dieu
allait apparaître à l'instant même.
12 Il dit donc: "Un homme de haute naissance se rendit dans un pays
lointain pour recevoir la dignité royale et revenir ensuite.
13 Appelant dix de ses serviteurs, il leur remit dix mines et leur dit:
"Faites-les valoir jusqu'à ce que je vienne."
14 Mais ses concitoyens le haïssaient et ils dépêchèrent à sa suite une
ambassade chargée de dire: "Nous ne voulons pas que celui-là règne sur
nous."
15 Et il advint qu'une fois de retour, après avoir reçu la dignité
royale, il fit appeler ces serviteurs auxquels il avait remis l'argent,
pour savoir ce que chacun lui avait fait produire.
16 Le premier se présenta et dit: "Seigneur, ta mine a rapporté dix
mines." -
17 "C'est bien, bon serviteur, lui dit-il; puisque tu t'es montré
fidèle en très peu de chose, reçois autorité sur dix villes."
18 Le second vint et dit: "Ta mine, Seigneur, a produit cinq mines."
19 A celui-là encore il dit: "Toi aussi, sois à la tête de cinq villes."
20 "L'autre aussi vint et dit: "Seigneur, voici ta mine, que je gardais
déposée dans un linge.
21 Car j'avais peur de toi, qui es un homme sévère, qui prends ce que
tu n'as pas mis en dépôt et moissonnes ce que tu n'as pas semé." -
22 "Je te juge, lui dit-il, sur tes propres paroles, mauvais serviteur.
Tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n'ai pas mis en
dépôt et moissonnant ce que je n'ai pas semé.
23 Pourquoi donc n'as- tu pas confié mon argent à la banque? A mon
retour, je l'aurais retiré avec un intérêt."
24 Et il dit à ceux qui se tenaient là: "Enlevez-lui sa mine, et
donnez-la à celui qui a les dix mines." -
25 "Seigneur, lui dirent-ils, il a dix mines!". -
26 "Je vous le dis: à tout homme qui a l'on donnera; mais à qui n'a pas
on enlèvera même ce qu'il a."
27 ""Quant à mes ennemis, ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur
eux, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence.""
28 Ayant dit cela, il partait en tête, montant à Jérusalem.
Qu'est-ce qu'une parabole dans la tradition hébraïque ? Voici les
explications que donne Claude Tresmontant dans "Le prophétisme hébreu",
édité par François-Xavier de Guibert, à la page 69. Je précise que le
dernier prophète hébreu dont il est question dans le passage qui va
suivre est ieschoua ha-nozeri, Jésus (il est infiniment plus qu'un
prophète, mais il est au moins un prophète, le dernier de la tradition
hébraïque).
"Le prophète Isaïe utilise comme tous les prophètes hébreux depuis les
origines jusqu'au dernier d'entre eux une technique, une méthode
d'enseignement qui est le mâschâl. Le mot hébreu mâschâl a été traduit
en grec par parabolè, le français a rendu le mot grec par "parabole", ce
qui n'est pas une traduction mais un simple décalque, comme c'est le cas
le plus souvent pour les termes théologiques. Qu'est-ce qu'un mâschâl ?
C'est une réalité sensible, concrète, physique, un évènement concret,
quotidien, objet d'expérience, qui devient le support ou le véhicule
d'un message, d'un enseignement. Nous les Français de la fin du XXe
siècle, nous utilisons un langage abstrait, forgé par vingt-cinq siècles
de philosophie, grecque, latine, allemande et autres. Nous aimons dire
les choses concrètes dans un langage abstrait. Le résultat on le connaît
: les écoles philosophiques, en France, en cette fin du XXe siècle,
parlent chacune un langage dont on peut supposer que le maître les
comprend, ainsi que les disciples choisis en petit nombre. Mais ce n'est
pas absolument sûr. Ce qui est par contre certain, c'est que les braves
gens qui ne font pas partie de l'école philosophique, les gens qui
cultivent le blé, ceux qui construisent les maisons et les ponts, ceux
qui naviguent sur les mers, ne comprennent pas un mot de ce que disent
nos philosophes glorieusement régnants.
Les prophètes hébreux avaient une autre méthode. Leur intention était,
figurez-vous, de se faire comprendre de ceux à qui ils s'adressaient, et
ils ne s'adressaient pas généralement à des étudiants en philosophie,
mais à des paysans, à des artisans, à des bergers, à des femmes qui
broyaient leur blé et qui faisaient du pain, à des hommes et des femmes
qui connaissaient les bêtes et les champs, qui savaient encore ce que
c'est la germination du grain de blé et le levain dans la pâte. Pour se
faire entendre de ces gens-là, les prophètes hébreux parlaient leur
langue : la langue des prophètes hébreux est une langue simple, claire.
Il n'y a pour ainsi dire pas un seul mot abstrait dans la langue
hébraïque. Si au XXe siècle de notre ère on traduit l'hébreu du VIIIe
siècle avant notre ère, l'hébreu d'Amos, d'Osée ou d'Isaïe, tel qu'il
est, tel qu'il était, on peut communiquer le texte à un enfant de sept
ans : il comprendra. On peut le faire lire à un paysan français ou
chinois ; ils comprendront. Les prophètes hébreux partent du donné
concret, sensible, expérimental que connaissent les hommes et les femmes
à qui ils s'adressent et avec ce donné quotidien, ils composent une
histoire qui a un sens et qui contient un message. C'est cela le mâschâl
en hébreu."
fin de citation.
Quel est le sens du mâschâl des mines ? Voici ce qu'en dit le même
Tresmontant dans sa traduction de l'"Evangile de Luc", édité par
François-Xavier de Guibert, p 567 à 571 :
extraits :
"19, 11 ...
On observe de nouveau que, dans l'entourage du Rabbi, c'est-à-dire dans
le milieu ethnique judéen et galiléen des années 27-30 de notre ère,
règne une représentation, selon laquelle le royaume de Dieu ou le règne
de Dieu – le grec basileîa traduit plusieurs mots hébreux - peut et doit
se manifester, se réaliser, d'un seul coup, brusquement, un peu comme on
change un décor dans un théâtre. - Le Rabbi explique au contraire que le
royaume de Dieu, ou le règne de Dieu, ne vient pas d'une manière
catastrophique et spectaculaire, mais qu'il pousse et se développe
silencieusement, comme une graine, comme une semence, la nuit et le jour.
...
19, 13 Il a appelé dix de ses serviteurs... Faites des affaires... C'est
la doctrine constante de la fructification, l'exigence de
fructification. Le christianisme n'est pas une question d'obéissance ou
de désobéissance. C'est une question de création. L'obéissance consiste
à coopérer activement et intelligemment à la Création, qui est
inachevée. Analyse du problème métaphysique, Maurice Blondel, l'Être et
les êtres. - A quelles conditions un être est-il véritablement un être ?
C'est à la condition qu'il soit capable de faire fructifier le don, le
prêt de la Création qui lui est confié, et de coopérer activement et
intelligemment à l'oeuvre de la Création. Dignitas causandi, saint
Thomas d'Aquin. L'être créé est d'autant plus à l'image et à la
ressemblance de I'Etre unique incréé, qu'il exerce davantage cette
action causale efficace. Il s'agit donc de nouveau d'un problème
d'ontologie, plus précisément d'ontogenèse, et non d'un simple problème
de morale. - Ainsi la place de ce mâschâl se comprend. Le Rabbi approche
de Jérusalem. Dans son entourage on s'imagine que le royaume de Dieu va
venir d'un seul coup, brusquement, comme on change un décor de théâtre.
Le Rabbi explique alors qu'en réalité il faut que l'homme coopère à la
Création et qu'il fasse fructifier le don, le prêt créateur qui lui est
confié. Il faudra donc du temps, beaucoup de temps, jusqu'à ce que
l'humanité soit parvenue à assimiler cette nouvelle information
créatrice qui lui est communiquée par le Rabbi, et qu'elle ait
réellement fait fructifier cette nouvelle programmation. Le royaume ou
règne de Dieu est présent en germe dans l'embryon que constitue la toute
première communauté, à cause de l'information créatrice qui est
communiquée. Mais l'embryon doit croître, se développer et devenir ce
Corps achevé qui sera l'église. - C'est donc tout juste le contraire de
ce que nombre d'exégètes, depuis le début du XIXe siècle, s'évertuent à
nous inculquer, à savoir que le Rabbi attendait dans un proche avenir un
royaume de Dieu tout fait qui viendrait dans notre histoire par
irruption catastrophique et violente.
- Les deux métaphysiciens à méditer pour comprendre l'enseignement du
Rabbi, Bergson et Blondel. - La doctrine fondamentale est bien la même
que Matthieu 25, 14, mais est-ce le même mâschâl, ou bien le Rabbi
a-t-il plusieurs fois exposé sous des formes diverses cette même
doctrine en sorte qu'il a composé plusieurs meschâlim sur ce thème, l'un
rapporté par Matthieu 25. 14, l'autre par Luc 19, 12?
...
19, 14 ...
Un deuxième thème se greffe donc sur le mâschâl de la fructification: la
haine des fils de son peuple contre celui qui va recevoir la royauté. Ce
thème se retrouve dans d'autres meschâlim, Matthieu 21, 37 : Après cela
il a envoyé son propre fils... Mais ceux qui travaillaient la terre ont
vu le fils et ils ont dit dans leurs propres coeurs: C'est lui
l'héritier ! Allons Tuons-le! Et il sera à nous son héritage ! Et ils
l'ont pris et ils l'ont jeté hors de la vigne et ils l'ont tué... - Il
est donc vraisemblable que le mâschâl rapporté par Luc 19, 12 est
distinct du mâschâl rapporté par Matthieu 25, 12 qui ne comporte pas ce
thème. - Il est très possible, il est même vraisemblable que le Rabbi a
plusieurs fois exposé le mâschâl de la fructification, puisque cette
doctrine de la fructification est au coeur de son enseignement. -
Matthieu a rapporté une formulation, Luc une autre.
...
19, 26 A tout homme qui est en possession [d'une richesse], il sera
donné... - Matthieu 25,29 : A tout homme qui est en possession [d'une
richesse], il sera donné et il sera dans la surabondance... - Les propos
sont les mêmes, mais la traduction en langue grecque n'est pas
exactement la même. - Il faut tenir compte du fait que l'hébreu n'a pas
le verbe avoir, qui a été utilisé en grec dans la traduction.
- C'est une loi ontologique. Celui qui a reçu un prêt de l'être avec
toutes ses richesses, et qui l'a fait fructifier, il a ratifié le don de
la Création, il s'est approprié le don de la Création, il l'a fait sien.
Il a coopéré au don de la Création et dans cette mesure il est devenu
véritablement un être capable d'action causale efficace. - Plus il a
multiplié le don de l'être qui lui a été fait et plus il reçoit en
surabondance. Celui qui ne fait pas fructifier le prêt initial de
l'être, et qui le rend tel qu'il l'a reçu, se comporte d'une manière
purement passive en présence du don de la Création. Il ne le ratifie pas
et ne le fait pas valoir. Il ne coopère pas à l'oeuvre de la Création.
Ce qui lui avait été confié lui sera ôté. - Ce n'est pas un problème
moral, ni un problème juridique. Ce n'est pas un problème de
comptabilité. C'est un problème d'être. La question posée est: A quelles
conditions l'Unique incréé peut-il créer des êtres à son image, à sa
ressemblance qu'il puisse inviter à prendre part à sa propre vie
éternelle? C'est ce que Maurice Blondel, dans une de ses lettres au P.
L. Laberthonnière, a appelé le problème capital de la métaphysique
chrétienne. Tant qu'on n'a pas vu ce problème on n'a pas compris ce
qu'est la doctrine chrétienne, car la doctrine chrétienne, c'est
essentiellement la réalisation du dessein créateur et divinisateur. Le
prêt de l'être ne subsiste pas chez ceux qui ne l'ont pas fait
fructifier. On observe de nouveau à quel point il est erroné de
s'imaginer comprendre la doctrine des évangiles sur le plan de ce que
nous appelons, fin du XXe siècle, la morale. Du point de vue de ce que
nous appelons la morale, du point de vue par exemple de la morale
kantienne, celui qui rend le dépôt qui lui a été confié, Kant, Kritik
der praktischen Vernunft, 1, § 4, - est en règle. - Du point de vue de
la doctrine chrétienne, il n'en est rien. Il faut au contraire faire
fructifier le prêt de l'être qui nous a été confié. C'est dire qu'on ne
peut rien comprendre à cet enseignement sur le terrain, ou sur le plan,
de ce que nous appelons la morale. Il ne s'agit pas de morale, il s'agit
d'ontogenèse. Cela est si vrai que, projeté sur le plan de ce que nous
avons coutume d'appeler la morale, cet enseignement est scandaleux.
Pourquoi châtier celui qui rend honnêtement le prêt qui lui a été
confié? On observe aussi l'extrême difficulté qu'il y a à exposer ou
expliquer ce problème de métaphysique fondamentale, ce problème
d'ontologie de la Création, que Blondel a appelé à juste titre le
problème capital de la métaphysique chrétienne : à quelles conditions,
l'Unique incréé peut-il créer des êtres qui soient dignes de ce nom, et
donc pourvus de la dignité d'être cause, dignitatem causandi, de
subsister devant sa face et de prendre part à la vie divine? Dans ses
lettres des années 1920 et suivantes, Blondel insiste, auprès de son ami
Laberthonnière, sur la surnaturelle difficulté de ce problème. Le
problème est si difficile à apercevoir et à traiter, qu'il a été très
peu examiné dans l'histoire de la pensée chrétienne. Il est vu, par
saint lrénée de Lyon, dans son grand Traite contre les gnostiques."
fin de citation
Voilà donc le sens de ce mâschâl des mines tel que le comprenait et
l'exposait Claude Tresmontant : "Le prêt de l'être ne subsiste pas chez
ceux qui ne l'ont pas fait fructifier." Voilà le sens de la perte du
talent (de l'être donné) de celui qui n'a pas fait fructifier le don de
l'être qui lui avait été confié.
Quel est le sens de la fin du mâschâl, de l'exécution des ennemis du Roi
? Tresmontant n'en parle pas aussi vais-je présenter ma propre
explication. Depuis ce qu'il est convenu d'appeler le péché originel la
tradition dominante et souvent unique au sein de l'humanité est le rejet
de Dieu, le refus de son être, de son enseignement, des dons spirituels
qu'il offre à ceux qui le cherchent et l'aiment pour, s'ils y consentent
et s'ils y oeuvrent avec le Tout-Puissant, les élever à lui. Cette
tradition humaine non seulement se détourne de Dieu mais s'acharne à
détruire son oeuvre, à massacrer ses justes et ses envoyés, à briser son
peuple. La haine que cette tradition voue au créateur se manifeste
quotidiennement par la persécution de ceux qui aiment le Christ qui est
Dieu parmi nous. Ces ennemis de Dieu sont désignés dans le mâschâl des
mines par l'incise : « Mais ses concitoyens le haïssaient et ils
dépêchèrent à sa suite une ambassade chargée de dire: "Nous ne voulons
pas que celui-là règne sur nous." ». Les ennemis de Dieu refusent sa
souveraineté. Comment comprendre la fin du mâschâl qui montre Dieu
ordonner la mort de ses ennemis ? Dans la tradition biblique Dieu est le
maître non seulement de la création mais aussi de l'histoire humaine.
C'est lui qui suscite des justes qui portent sa parole aux hommes, c'est
lui qui crée son premier peuple Israël afin qu'existe un germe
d'humanité nouvelle ayant rompu avec la tradition de refus et de haine
de Dieu et que ce germe croisse et donne naissance à une tradition
nouvelle, celle des être humains amis de Dieu et désireux de le
connaître. C'est lui qui se communique directement aux hommes en la
personne du Christ Jésus qui est la réalisation de la finalité de la
création, l'union de l'incréé et du créé. La fin du mâschâl est donc une
prophétie qui porte sur le devenir des ennemis de Dieu : cette tradition
de haine et de destruction est elle même détruite par l'action de Dieu
au sein de l'histoire humaine. C'est une prophétie que l'on peut
vérifier dans l'histoire humaine :
- Le premier peuple de Dieu a traversé et continue de traverser
l'histoire humaine sous le mépris, les quolibets, les crachats, la
haine, l'humiliation, les persécutions et les génocides que lui fait
endurer la tradition humaine des ennemis de Dieu. Passent les ennemis
qui sombrent dans l'oubli, demeure Israël, premier peuple de l'histoire
humaine.
- Le peuple de la nouvelle alliance, l'Eglise, traverse également
l'histoire dans les persécutions, les tribulations et l'exécration des
ennemis de Dieu. Mais où sont les Juifs, les Romains, les Grecs, les
Germains... qui persécutaient l'Eglise ? Disparus en emportant leur
haine de Dieu dans la tombe, cette haine qui empêchait la conversion de
ceux qu'elle maintenait loin de Dieu. Et les Juifs, Romains, Grecs,
Germains... se sont convertis au christianisme.
L'homme est libre, absolument libre quant à son choix ontologique
fondamental : il est libre de se tourner vers Dieu pour la vie ou de le
rejeter pour la mort. C'est pourquoi chaque époque « sécrète » sa propre
tradition d'ennemis de Dieu. Ces traditions qui ne cessent de naître de
la liberté humaine et de disparaître sous l'action de Dieu dans
l'histoire aimeraient se considérer comme héritières les unes des
autres, comme une seule et même tradition. Pourtant elles n'ont de
commun que la haine de Dieu et de son oeuvre ainsi que leur inéluctable
disparition après que leur tentative de dominer le monde ait été vouée à
l'échec.
Cette prophétie autorise-t-elle le chrétien à massacrer, à exterminer
les ennemis de Dieu ? Nullement puisque le massacre, le crime,
l'extermination font de l'homme un ennemi de Dieu. Mais alors comment
Dieu agit-il dans l'histoire, comment se débarrasse-t-il de ces
traditions qui oppriment, détruisent et perdent l'humanité ? La bible
nous l'explique fort clairement. Dieu utilise ces traditions humaines
qui le haïssent pour se détruire mutuellement. Et c'est ainsi que les
nazis furent abattus par les libéraux et les communistes, et que les
communistes furent abattus par les nazislamistes (qui n'ont pas fini
leur travail puisque les libéraux athées constituent la prochaine cible
du nazislam) et les nazislamistes seront abattus par.... De tout temps
ces traditions humaines ennemies de Dieu ont vainement tenté de se
fédérer en une seule et unique tradition qui deviendrait, pensent-elles,
l'égale du créateur. En vain...
En guise de conclusion :
Le mâschâl des mines contient deux thèmes entremêlés : le thème de la
fructification qui est la coopération de la créature et de l'Incréé dans
la finalité de la création ; le thème de la vanité des ennemis de Dieu
qui rêvent de s'élever par eux-mêmes jusqu'aux Cieux et finissent
invariablement par s'auto-détruire ou par s'exterminer mutuellement. Ce
mâschâl ne contient aucun appel au meurtre mais un appel de Dieu à la
vie. Dieu nous communique dans ce mâschâl les conditions qui nous
permettent de transformer notre être pour participer à la vie en lui. Il
nous avertit que c'est la perdition qui nous attend (la mort de l'âme,
pas la mort empirique que nous connaîtrons tous) si nous ne coopérons
pas à la création en faisant fructifier le don de l'être qui nous a été
confié. Ils nous prévient aussi que le rêve de domination du monde par
ses ennemis ne se réalisera jamais.
Tout homme est libre d'accepter ou de rejeter l'enseignement de vie
contenu dans le mâschâl des mines. Mais qu'il soit clair pour tous que
le mâschâl des mines est un appel à la Vie, pas à la mort.