Post by Chico TMais étaient-ils de 'vrais latinistes' ? D'une part, j'ai mes doutes sur
leur maîtrise de la langue. D'après ce que j'ai vu - si je peux opposer
expérience personnelle à expérience personnelle - on surestime souvent
ses compétences linguistiques.
J'imagine que Johannes Kepler, quand il a publié Harmonices Mundi avait
atteint une maîtrise convenable de la langue latine.
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=File:Johannes_Kepler_-
_Harmonices_Mundi_Libri_V.pdf&page=11
Puisque vous mentionnez les compétences personnelles, j'avoue que je me
suis senti satisfait et sur la bonne voie quand, dans un pays latino-
américain, une personne que j'avais prise en auto-stop m'a demandé si je
n'étais pas colombien quand j'ai mentionné que j'étais étranger. Ce jour
là, le bruit du moteur pouvait peut-être en partie expliquer cela. Mais
six mois plus tard, après une conversation de plusieurs minutes avec des
Argentins, ceux-ci m'ont demandé si je n'étais pas vénézuélien, ce qui
m'a prouvé qu'à l'époque je pouvais passer raisonnablement pour
hispanophone bien que ce ne soit ni ma langue natale, ni aucune langue
que j'eus apprise au lycée.
Post by Chico TD'autre part, ce n'est pas la maîtrise en soi qui fait un 'vrai
francophone', dirais-je. Un petit enfant français parle la langue, mais
ne la maîtrise pas encore. Il est pourtant un 'vrai francophone' parce
que c'est l'étoffe dont est faite son âme, et c'est dans cette langue
qu'il se sent chez lui, pour ainsi dire.
Les campagnes françaises étaient loin d'être francophones avant le 20ème
siècle. Pour de nombreuses personnes le français était une seconde langue
que beaucoup de provinciaux cultivés maîtrisaient assez convenablement.
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/HIST_FR_s8_Revolution1789.htm
"Une enquête impériale effectuée en 1810 révélait que 25 départements sur
130 n'utilisaient que le français. Il s'agissait d'un français
caractérisé souvent par un accent particulier, un mélange de certaines
expressions locales et une façon de conjuguer les verbes rejetée par les
règles du français écrit. On y apprend que les «dialectes germaniques»
étaient parlés en Alsace et en Lorraine (ce qui comprend le
luxembourgeois au duché de Luxembourg devenu le «département des
Forêts»), les «parlers flamands« dans le nord de la France, le breton en
Basse-Bretagne, le basque au nord de l'Espagne, le catalan dans les
environs de Perpignan, les «dialectes italiens» dans la région de Nice et
en Corse."
Post by Chico TC'est Joye qui a sorti le terme 'vrai francophone', parce qu'elle
aimerait se l'appliquer. Elle est francophone, certes - elle parle le
français - mais elle n'est pas une 'vraie francophone' selon ma
définition. Pourquoi ? Parce que l'anglais reste dominant dans son
esprit. On peut voir ça dans ses articles ici : elle parle sans cesse du
français en le comparant à l'anglais, souvent avec un brin de mépris.
J'en déduis que le français n'est pas un substrat suffisant pour sa
pensée, que dans son for intérieur, elle ne veut pas qu'il le soit, ne
croit pas qu'il pourrait l'être.
Il est difficile de savoir si elle est une vraie francophone uniquement
en conversant sur usenet. J'ai rencontré certains anglophones qui après
vingt ans passés à l'étranger cherchaient leurs mots et avaient un accent
épouvantable. Les méthodes pour apprendre les langues étrangères des
écoles anglaises (ou américaines) donnent des résultats aussi pitoyables
que les méthodes françaises pour apprendre l'anglais.