Post by Le bon comtePost by GloopsPost by Le bon comteD'ailleurs cette mode de la repentance consiste
pour la maçonnerie à faire porter au peuple
français des responsabilités qui ne sont pas
les siennes mais celles des loges ; ce peuple
(qui n'en peut mais) est ainsi présenté comme
beauf, raciste, homophobe, nationaliste et
antisémite (horesco referens). Qui ne
songerait à se débarrasser d'une populace
aussi vile pour faire place nette aux
cosmopolites bobos à trottinette et à leurs
laquais colorés ?
et tu oublies, hostile aux réformes.
C'est quelque chose de pratique, surtout à
l'étranger, ça évite de dire de quelles
réformes on parle.
Mais c'est le propre d'un mouvement qui s'appelle
purement et simplement "En marche !". (Oublions
les initiales qui plongent dans les heures les
plus sombres du culte de la personnalité
totalitaire)
En marche vers où ? Pourquoi ? Peu importe, c'est
le mouvement qui compte, et de plus en plus vite
de préférence ; les lents, les boiteux, les
éclopés, seront laissés sur le bord de la route.
Qu'à cela ne tienne, le progrès est en marche et
doit tout écraser sur son passage. Du passé
faisons table rase (c'est le mot d'ordre de tous
les totalitarismes) et avançons vers un avenir
radieux en créant un homme nouveau,
mi-ho.fe·mme, mi-machine.
Vous avez une structure mentale de romancier, pas d'analyste. L'analyste
fait de longues théories dans le but de modéliser le réel. Le romancier
utilise les mots et les images afin de décrire le réel. La description
du romancier est toujours parlante et agréable tandis que le modèle de
l'analyste est lourd, pesant, abscons. Par contre l'analyste est
beaucoup plus précis et rigoureux que le romancier. C'est ainsi que
l'analyste voit clairement la direction que prend le capitalisme
financier néolibéral : il est En Marche vers toujours plus de
concurrence, de compétition, de rivalité. Tous les pays, tous les
systèmes sociaux, tous les systèmes économiques, financiers et
industriels sont en concurrences grâce à quelques règles fondamentales :
- libre circulation des capitaux qui de ce fait affluent vers les plus
hauts rendements (Allemagne, Chine, Corée du Sud, Taïwan, naguère le
Japon) et fuient les périphéries désindustrialisées (pays du Club Med,
zones rurales...),
- libre circulation des marchandises ce qui favorisent les pays les plus
compétitifs (Allemagne, Chine, Corée du Sud, Taïwan, naguère le Japon),
- libre circulation des êtres humains ce qui favorisent les hommes
jeunes, célibataires et en bonne santé et inversement laisse sur le
carreau les vieux, les malades, les inadaptés.
Le modèle le plus abouti des phénomènes de concurrence, de compétition
et de rivalité est celui que Girard a découvert chez les grands
romanciers chrétiens (Cervantès, Shakespeare, Dostoïevski et il aurait
dû ajouter le plus génial : Guimarães Rosa) et dans quelques textes
bibliques et évangéliques particulièrement difficiles à comprendre. Pour
être très bref :
- la paix sociale c'est le maintien de la différence (droits de douanes,
contrôle des mouvements de capitaux, contrôle des flux humains, statuts
bien précis de chaque homme au sein du système social),
- la concurrence, la compétition, la rivalité résultent du désir envieux
qui fait que les hommes s'imitent et se ressemblent au point qu'il
arrive un moment où toute différence (homme-femme comme vous l'avez
noté, riche-pauvre, seigneur-esclave, patron-ouvrier, etc) est abolie.
Cet état d'indifférenciation généralisée que Shakespeare appelle Crisis
of the degree (crise de la différence) mène à la guerre de tous contre
tous. Littérature, cinéma diront les esprits rebelles. Et en effet,
c'est dans la littérature biblique (le jugement de Salomon), évangélique
(l'épisode du Christ et de la femme infidèle) ou romanesque et au cinéma
que l'on trouve les plus belles descriptions de cette guerre de tous
contre tous. En voici un exemple célèbre :
La révolution que vous décrivez correspond dans le modèle de Girard à
l'explosion de la violence collective suivie ou non du lynchage des
boucs émissaires.