Post by Olivier MiakinenPost by Nicolas KrebsQui a vu les deux vidéos suivantes concernant l'épistémologie ?
http://youtu.be/QBHskgiY7MM
présentée par Didier Raoult, mise en ligne le 12 juin 2020
http://youtu.be/O3uI2WN8bFs
présentée par Samuel Buisseret, mise en ligne le 18 juin 2020
(moi pas encore)
J'ai vu la deuxième, mais pas encore la première. Alors vu que la
deuxième critique la première je vais suspendre mon jugement avant
d'avoir vu les deux.
Bon, ça y est, j'ai vu les deux. Je ne reviendrai pas sur la différence
de définition des mots déduction, induction et abduction entre les deux
vidéos, comme le dit Samuel Buisseret chacun peut faire ses propres
recherches pour savoir qui a la meilleure définition.
Mais je vais être *très* critique sur plusieurs autres points de la
vidéo de Didier Raoult, où il se contredit lui-même à plusieurs reprises.
1) Vers 15:00
Le professeur Raoult prétend que comparer les résultats entre Paris et
Marseille est une très bonne méthode, exempte de biais, et qu'au contraire
faire une étude randomisée est là où il y a le plus de biais. Il parle
même de triche. Il dit aussi que si la comparaison donne des différences
de l'ordre de 1 ou 1,5 %, on est sorti du monde de la réalité. Or si je
ne m'abuse il me semble bien qu'il y a moins de 1 % de gens pour qui la
maladie ne se guérit pas toute seule. Bref.
2) Vers 25:00
Didier Raoult défend le fait de mesurer l'évolution de la maladie en
mesurant la charge virale. Je le cite : « y a tant de virus, pof pof pof,
ça diminue ». Or, dans sa première étude, d'un jour à l'autre la charge
virale pouvait augmenter ou diminuer pour un même patient traité. On peut
même soupçonner que c'est pour ça qu'ils ont changé d'objectif en cours
de route (par exemple ne considérer que la PCR à J6 alors qu'initialement
ils avaient prévu de le faire à J1, J4, J7 et J14).
Ensuite, il compare les essais dits « cliniques », dans les hôpitaux,
par des gens qui ont vu les malades, à ceux qu'il nomme « big data », qui
sont des méta-études statistiques faites par des gens travaillant sur des
données issues d'ailleurs. Il critique ces dernières qui ne sont que
mathématiques. Ce qui ne l'empêche pas, juste après, de louer Mathieu
Millon d'avoir fait sa propre méta-étude statistique sur les deux types
d'étude (donc sur des données dont l'immense majorité sont issues
d'ailleurs).
3) Vers 30:00
Là il passe beaucoup de temps à critiquer une étude faite sur le Remdesivir
(qu'il persiste à mal nommer Redemsivir alors même qu'il a son nom sous les
yeux). Parmi ces critiques, il parle du fait de ne pas compter les malades
perdus de vue (alors que justement c'était le cas de sa première étude, dans
laquelle 6 patients perdus de vue, dont un mort, représentaient 14,2 % de
l'échantillon initial, et même 23,1 % du bras traitement). Et le plus drôle,
c'est quand il déclare sans rire « changer d'objectif au milieu de l'étude,
c'est un truc, théoriquement, [qu']on peut pas faire, c'est tricher ».
Re-bref.
--
Olivier Miakinen