A titre très *exceptionnel*, et parce qu'il faut s'amuser un peu...
Petit rappel : alors que les Alliés viennent de débarquer en
Normandie, la 2e Division de Panzer SS Das Reich, basée dans le
Limousin, doit remonter vers ce nouveau front. Mais elle a également
pour mission de faire régner la terreur dans le Sud-Ouest de la
France, face à la recrudescence d'attaques de la Résistance,
stimulée par le D-Day.
Afin de gagner du temps dans leurs activités de répression, les SS
enverront une escouade de 200 hommes, le 10 juin 1944, rayer de la
carte le petit village d'Oradour-sur-Glane. Tous ses habitants, à
l'exception de quelques rares rescapés, seront exterminés : les
hommes exécutés par balles, les femmes et les enfants brûlés et
mitraillés dans l'église à laquelle les SS auront mis le feu.
Plusieurs centaines de personnes mourront du fait de la barbarie nazie.
Du coup, les actuels représentants de cette dernière s'emploieront,
pour des motifs évidents, à nier une telle atrocité.
Au fait.
Post by ZuluIl y a un site, en anglais, qui me parait très bien documenté
Indeed. Il réfute très bien les conneries négationnistes auxquelles
vous souscrivez. Vous ne trouvez pas?
Post by Zuluet qui
donne non seulement la version officielle
Il n'y a pas de "version officielle". Il y a l'Histoire, d'un côté.
Et des escrocs négationnistes de l'autre.
Concernant Oradour, ch'tite biblio. Le meilleur ouvrage historique sur
le sujet est sans doute celui de Jean-Jacques Fouché, "Oradour", Liana
Lévi, 2001. Fouché a par la suite rédigé un ouvrage sur le
traitement judiciaire de l'affaire, in "Oradour. La politique et la
justice", Lucien Souny, 2004.
Suit Max Hastings, "La Division Das Reich et la Résistance",
Pygmalion-Gérard Watelet, 1981, dont le seul défaut est de comporter
quelques surprenantes erreurs de détail sur l'orthographe du nom des
protagonistes. Sarah Farmer a également publié un remarquable ouvrage
sur la mémoire du massacre, dans "Oradour 10 juin 1944. Arrêt sur
mémoire", Perrin, 2004 (rééd.). Bon, y en a plein d'autres, mais vu
que je suis crevé... Disons que s'il faut en posséder, ce sont les
trois que je viens de citer.
Enfin, quelques sites web :
- le site du Centre de la Mémoire: http://www.oradour.org/
- bonne reconstitution du village d'Oradour:
http://oradoursurglane.free.fr/index2.htm
- un excellent site faisant le point sur nombre de faits méconnus
relatifs au massacre, proposant notamment une hypothèse intéressante
sur les motifs qu'avaient les SS de passer à l'acte:
http://www.oradour.info/
Post by Zuluet celles coté français par
Madame Rouffanche
Cette dame a été la seule survivante du massacre de l'église.
Marguerite Rouffanche perdra toute sa famille dans la tuerie. Le
crypto-négationniste anonyme ne trouve rien à y redire. Dégueulasse.
Post by Zuluet Robert Mackness
Fantastique n'importe quoi. La thèse de Mackness selon laquelle les SS
auraient cherché à récupérer un trésor à Oradour a été
dissipée depuis longtemps... Voir les bouquins cités en référence.
Post by Zulumais en outre les versions du côté
allemand par Otto Weidinger le commandant de la SS Panzergrenadier
Regiment 4 Das Reich Division, par Marc Rikmenspoel,
En l'occurrence, Rikmenspoel (bien connu des forums de discussion
consacrés à la Wehrmacht et aux Waffen SS), s'est contenté de
*reproduire* la version des... SS. Autrement dit, des massacreurs. Ce
qui n'en fait certainement pas une vérité historique.
Post by ZuluBundeswehr
Oberstleutnant Eberhard Matthes
Le témoignage du susnommé constitue un témoignage indirect, tout
sauf précis. Aucun nom n'est cité. Aucune preuve n'est apportée à
l'appui de ses dires. Il n'a même pas assisté aux faits, et se
contente de spéculer.
En outre, Matthes reprend à son compte le mensonge néo-nazi selon
lequel les SS auraient tenté de sauver des flammes les femmes et les
enfants parqués dans l'église (par eux-mêmes, faut-il le rappeler).
Il prétend également que l'explosion de l'église résulte d'un acte
commis par un civil - un maquisard, donc. Alors qu'il est un fait connu
que ce sont les SS de la Das Reich qui ont placé des explosifs sur le
toit...
La version de Matthes est au final tout sauf crédible. Il adhère sans
problème à la théorie du Grand Complot, selon laquelle le
Gouvernement français aurait cherché à camoufler la vérité pour
mieux accabler ces pôvres SS...
Post by Zuluet mème une version révisionniste par
Vincent Reynouard.
Reynouard est un escroc, pas vraiment plus talentueux que son maître
Faurisson déjà bien mal vieilli. C'est en effet un néo-nazi, ancien
du PNFE, gérant une association négationniste, l'ANEC, et bossant en
collaboration avec VHO ("Vrij Historisch Onderzoek" - "groupe de
travail Recherche historique libre"), le mouvement d'extrême droite de
Siegfried Verbeke: http://www.phdn.org/negation/negainter/webneg.html
Toujours sur VHO, citons l'article de Manuel ABRAMOWICZ et Wim
HAELSTERMAN sur l'extrême droite de Belgique:
<< VHO est un "groupe de travail" qui succèda en 1985
à l'organisation Taboe (active sur le terrain du
révisionnisme depuis le début des années 80). Parmi
les fondateurs, il y a des membres du Vlaams Blok,
dont André Van Hecke, un ancien SS flamand et führer
d'un mouvement regroupant des anciens volontaires du
Front de l'Est et de jeunes néo-nazis de la Nouvelle Droite.
Le "cercle" VHO édite et distribue des brochures et
des livres niant la volonté nazie de commettre le
génocide contre les Juifs européens et l'existence des
chambres à gaz. Les productions de VHO traduites en
néerlandais sont diffusées à grands frais via des listing
d'adresses de professeurs d'histoire, d'avocats, de
bibliothèques publiques, d'institutions gouvernementales,
de mouvements antiracistes et de défense des droits de
l'Homme. En parallèle aux livres, VHO s'est doté de plusieurs
périodiques : en janvier 1989, il lance VHO-Nieuwsbrief,
ensuite il publie la Revisionistische bibliotheek. Les
activités de ce groupe négationniste sont soutenues par
des mécènes d'origine allemande et américaine. Dans le
cadre de l'"internationale négationniste" (allant de la
Californie à la Nouvelle-Zélande, en passant par Paris et
Stockholm), VHO s'occupe de la propagation des thèses
falsificatrices en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas.
La loi anti-négationniste belge, votée en mars 1995,
n'empêcha pas ce réseau militant de rester très actif.
Il est dirigé par l'Anversois Siegfried Verbeke
(ex-VMO et VB). >>
Voir: http://www.col.fr/cera/pays/belgique.htm
Pour revenir à Reynouard, les lecteurs intéressés iront consulter
Valérie Igounet, "Histoire du négationnisme en France", Seuil, 2000,
p. 561-563 et 565-569. A noter que loin d'assumer ses "prises de
position", l'individu s'est courageusement enfui en Belgique...
Post by ZuluCela vaudrait un fil pour évaluer plus précisément la
plausibilité de
Post by Zuluces récits.
[...]
Reynouard ? Oh non... Je suis certain que vous avez mieux à trouver
que cet escroc néo-nazi, adepte de Faurisson - lui:
http://www.phdn.org/negation/faurisson/
Selon Reynouard - qui n'avance, contrairement à l'allure de son
bouquin, aucune preuve à l'appui de ses dires, sinon en recourant à
l'hypercritique, la falsification de texte et l'interprétation abusive
des pièces, les SS n'ont pas massacré la population civile à
Oradour. Ils se sont attaqués à une *forteresse maquisarde*, et ont
tué quelques Résistants. Malheureusement, tous les civils ont été
pris sous les tirs croisés, et sont tous morts. Plusieurs centaines de
victimes, donc. Si. Reynouard écrit ça.
Une version négationniste aussi délirante (normale, me direz-vous)
répond au besoin de dédouaner les nazis d'un de leurs crimes les plus
odieux : le massacre de tout un village (hommes, femmes et enfants).
Curieusement, les négationnistes ne s'intéressent guère aux autres
très nombreux Oradour commis sur le Front de l'Est par les soldats du
Reich...
Première étape de la négation: faire de l'intervention des SS à
Oradour un fait légitime. Comment? En niant l'innocence des victimes.
Donc, en transformant ce paisible village en base secrète des
maquisards (communistes, oeuf corse - même que la route du tramway
servait de piste d'atterrissage pour les B-17). Problème : les
preuves, on les attend encore...
Cette rumeur a été propagée... par les SS, des années après la
guerre. Par un officier S.S. en particulier, Otto Weidinger.
Historiographe, ou plutôt hagiographe de la Das Reich, dont il a
commandé un régiment, le 4e S.S. "Der Führer". Inutile de préciser
ses mobiles.
Même l'administration de Vichy n'a rien remarqué, en matière de
maquis. Ni les habitants d'Oradour (car on a retrouvé leurs lettres,
leurs journaux, pas mal de doc', en fait : et aucune référence à un
quelconque maquis). Ni les survivants du massacre. Les trois principaux
chefs de la Résistance armée du département ont confirmé les
documents de l'Etat français, ceux des habitants, et les témoignages
des survivants : Oradour n'était pas "rempli de Résistants".
Reynouard devrait expliquer deux ou trois faits, si Oradour était un
plagiat de Leningrad. Et notamment celui-ci.
A l'arrivée des SS, les habitants, en vérité, se contenteront, la
plupart du temps, de présenter leurs papiers d'identité à ces
soldats qui les massent sur la grand-place. Ils croient encore pouvoir
échapper au sort que leur promettent les soldats du Reich. Vachement
crétins, les habitants. Pas un seul ne se servira d'une arme. Pas un
seul. Pas un seul jeune cinglé. Pas un. Les seules pertes allemandes
résultant de la Groß Aktion contre Oradour se monteront à deux
victimes, un mort et un blessé - par accident. Selon le
négationniste, l'église était bourrée de munitions et d'explosifs
planqués là par la Résistance (communiste, oeuf corse). Pourquoi
*personne* n'en a-t-il profité ?
Deuxième étape de la négation: nier les faits couramment admis.
Exemple: la destruction de l'église et de ses occupants (femmes et
enfants) par les SS. A cet effet, Reynouard va adopter une démarche
particulièrement tordue.
Il prétend en effet qu'une "histoire officielle française" (sic)
nierait l'explosion de l'église. Selon lui, l'odieuse République
aurait cherché à camoufler ce fait, pour prétendre que l'église
aurait été incendiée par les SS.
Ce mensonge - car c'est un mensonge - est habile. Car Reynouard
développe sa "thèse" (sic) consistant à accuser les partisans
d'avoir été resposnables du massacre: au cours du combat avec les SS
(sic!!!), ils auraient fait exploser des munitions qui auraient
désintégré le toit de l'église. Et affirmer ensuite que la
République a nié la réalité de l'explosion lui permet de conclure
1) à la réalité de la bavure maquisarde et 2) à l'existence d'un
complot.
En réalité, ce sont les SS qui, d'eux-mêmes, après y avoir parqué
les femmes et les enfants, ont mis le feu à l'église. Ils ont
également mitraillé ces femmes et ces enfants, balançant à
l'occasion quelques grenades. Ils ont pareillement installé des
explosifs - un produit de l'artificier SS Gnug, qui a miné l'endroit
(voir J.-J. Fouché, op. cit., p. 159-166) -, d'où cette explosion,
toujours reconnue par ce que Reynouard le néo-nazi appelle superbement
la "version officielle" (les survivants, les S.S., les documents
historiques), bien qu'il nie cette reconnaissance.
Les S.S. alsaciens-mosellans ont témoigné juste après la guerre:
<< J'avais entendu dire par le Haupt-
sturmführer Kahn que l'église dans laquelle
les femmes et les enfants avaient été enfer-
més devait être détruite par des explosifs.
L'explosion n'avait pas provoqué l'effondre-
ment de l'église ainsi que les Allemands
l'avaient espéré, et les femmes et les en-
fants se trouvant à l'intérieur avaient été
massacrés à coups de mitraillettes et avec
des grenades de forme ovoïde qui étaient
lancées par le portail d'entrée à l'intérieur
de l'église. >>
(procès-verbal d'audition de L., 28 juin 1946,
cité in Fouché, op. cit., p. 162)
<< Lauber, sergent S.S., nous a conduits sur
la place de l'église et nous avons dû cou-
rir pour nous dégager de la fumée épaisse
qui nous enveloppait et qui remplissait les
rues, car tout brûlait déjà. En passant, j'ai
vu que le garage où on avait fusillé le grou-
pe d'habitants flambait. Le chef de bataillon
Dickmann se tenait sur la place de l'église au
moment de notre arrivée. Il était debout les
bras croisés. Kahn dirigeait les opérations
sur cette même place. De l'intérieur de l'édi-
fice, on percevait des cris et des hurlements
de femmes et d'enfants. Des S.S. s'affairaient
à porter des fagots et de la paille dans l'édi-
fice et, durant cette opération, j'ai vu deux
Unterscharführer, sergents S.S., Maurer et Boos,
entrer à l'intérieur de l'église où ils ont tiré
ensuite des rafales de mitraillettes, tandis que
d'autres S.S. ont lancé des grenades à main à
l'intérieur du même édifice, sans aucun doute
pour achever la population [...] En dernier on
a été rassemblés dans la rue face à l'église,
pour assister à la destruction de cette église.
J'ai vu le sous-officier Boos venir remettre au
capitaine Kahn une charge d'explosifs. Kahn, ac-
compagné de quelques S.S. armés, est entré dans
l'église. Aussitôt une explosion s'est produite
et, en quelques instants, tout l'intérieur de
l'édifice était en flammes, la fumée s'échap-
pant par les vitraux.
<< Je n'ai pas bien vu comment la charge d'ex-
plosifs avait été confectionnée, car je me
trouvais assez loin des lieux. Le chef de
bataillon Dickmann nous avait fait mettre au
garde-à-vous, sur la route, durant cette opéra-
tion [...]. Au moment où le feu a été mis à
l'église, on entendait toujours des cris à l'in-
térieur, mais moins qu'au début, ce qui prouve
que, lorsqu'on y a mis le feu, des personnes
étaient encore vivants ou agonisantes [...]. Sur
la place à côté de l'église, sous une charrue,
gisait le corps d'un enfant d'environ un an.
(procès-verbal d'audition Jean-Pierre E., cité
in Fouché, p. 163)
<< [...] Kahn nous fit rassembler pour nous
mettre à l'abri tandis que l'église sauterait.
Nous nous sommes abrités [...]. L'explosion fut
si forte que le S.S. Gnug fut envoyé contre un
mur et fut blessé à proximité de l'église.
L'église ne sauta pas. J'ignorais ce qui s'y
passait au moment où Kahn vint chercher mon
chef de groupe Boos pour lui donner l'ordre
de conduire le blessé à l'hôpital de Limoges.
[...] Au moment de l'explosion de l'église,
j'ai entendu des cris des femmes et des
enfants. A mon retour, on m'a raconté que
les S.S., puisque l'église n'était pas détruite
par l'explosion, ont déposé de la paille et y
ont mis le feu. >>
(P.V. d'audition de B., 3 mai 1947, cité in
Fouché, op. cit., p. 163-164)
Il y en a d'autres. Tout citer prendrait trop de temps et de Ko. Ces
témoignages confirment que les S.S. ont déclenché une explosion,
qu'ils ont mis le feu à l'église pour liquider les femmes et les
enfants. Et qu'un S.S., l'adjudant Gnug, a été blessé dans
l'explosion...
Telles sont les sources de "Zulu": des négationnistes, ou des
néo-nazis. Il devrait réviser son Histoire...
Nicolas Bernard
http://www.1939-45.org